Le 16 février 2018
Une réflexion subtile sur le sens de la responsabilité individuelle au cœur d’un société instable.
- Réalisateur : Valid Jalilvand
- Acteurs : Hedieh Tehrani, Navid Mohammadzadeh, Amir Aghee
- Genre : Drame
- Nationalité : Iranien
- Distributeur : Damned Distribution
- Durée : 1h44mn
- Date de sortie : 21 février 2018
- Festival : Festival de Venise 2017
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Un soir, seul au volant, le docteur Nariman tente d’éviter un chauffard et renverse une famille en scooter. Il les dédommage pour les dégâts matériels et insiste pour qu’Amir, leur enfant de 8 ans légèrement blessé, soit conduit à l’hôpital. Deux jours plus tard, à l’institut médico-légal où il travaille, Nariman s’étonne de revoir la famille, venue veiller le corps sans vie d’Amir. Le rapport d’autopsie conclut à une intoxication alimentaire. Mais Nariman a du mal à accepter cette version officielle qui pourtant l’innocente.
Notre avis : Après un premier film, Mercredi 9 mai, qui pointait déjà du doigt l’état de la société iranienne et qui lui valut de remporter le prix Fipresci, à la Mostra de Venise en 2015, le réalisateur iranien Valid Jalilvand signe un drame ténu où il est question du sentiment de culpabilité, né d’une humanité davantage, basée sur des obligations et des interdictions que sur la conscience et la dignité.
Lorsqu’il est bousculé par un conducteur inattentif et heurte la mobylette sur laquelle Moussa, Leïla et leurs deux enfants voyagent, le Dr Nariman adopte un comportement responsable et intègre. Il s’empresse d’examiner le jeune garçon qui semble légèrement blessé et exhorte toute la famille à se rendre à l’hôpital. Néanmoins, son assurance auto n’étant plus à jour, il omet d’appeler la police. D’ailleurs, ce qui intéresse surtout Moussa, c’est d’obtenir une indemnité financière et même si le médecin l’incite fortement à faire soigner son fils, il passe devant l’établissement hospitalier sans s’y arrêter et disparaît dans l’obscurité.
Dans un premier temps, les rôles de chacun des protagonistes semblent clairement distribués : d’un côté un représentant du corps médical qui estime avoir agi selon les règles que son statut lui impose, d’autre part un père avant tout préoccupé par la survie pécuniaire de sa famille. Mais finalement, l’être humain n’étant de manière universelle que complexité et contradictions, il arrive que les apparences soient trompeuses d’autant plus lorsqu’il évolue dans un univers opaque où l’absence de repères et de certitude peut être génératrice d’un mal-être collectif, atteignant de la même façon coupables et victimes.
- Damned Distribution
Quand l’autopsie révèle que l’enfant a probablement succombé à l’ingestion de viande avariée achetée sous le manteau à un employé peu scrupuleux d’une usine de volailles, le récit prend une nouvelle direction. D’une part il nous offre la scène la plus poignante du film où avec une rage non feinte, le talentueux Navid Mohammadzadeh (Moussa), dévoré par la culpabilité, crie toute la douleur de ceux qui n’ont d’autre choix que d’avoir recours à des produits douteux dans un pays socialement fragilisé et d’en payer les conséquences non seulement sanitaires mais aussi judiciaires (après voir molesté le responsable de la vente illégale, il croupit en prison) et d’autre part il scelle définitivement la culpabilité du médecin qui, confronté à l’imprécision des actes scientifiques réalisés dans son pays, perd son assurance naturelle et vit désormais écartelé entre sa peur de connaître la vérité et son besoin d’avoir la conscience tranquille.
- Damned Distribution
Démarrée par un incident banal, l’histoire a tôt fait de monter en puissance pour installer une ambiance fébrile, renforcée par un éclairage tant photographique que psychologique en demi-teintes, et entraîne sans faillir le spectateur dans ce qui s’apparente de plus en plus à une enquête policière aux rebondissements inattendus en compagnie de comédiens criants de vérités. Le réalisateur affirme toujours choisir des comédiens très en phase avec la société et la vie réelle. C’est sans doute là le secret de cette authenticité qui traverse l’écran. Mention spéciale à Hedieh Teyrani, seul élément féminin, qui, dans un pays où les femmes sont peu considérées quand elles ne sont pas battues comme le montre le film, incarne une force et une détermination qui font défaut à la gente masculine. Sa relation imprécise avec le Dr Nariman, colonne vertébrale de l’intrigue, amplifie encore toute l’ambiguïté du film qui jusqu’à la fin n’apportera aucune réponse aux multiples questions qu’il suscite.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.