Avarié
Le 5 juillet 2018
Un thriller académique et sans relief, à découvrir uniquement pour le plaisir des actrices.
- Réalisateurs : Jérémie Renier - Yannick Renier
- Acteurs : Hiam Abbass, Leïla Bekhti, Johan Heldenbergh, Bastien Bouillon, Zita Hanrot, Christophe Sermet
- Genre : Thriller
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h26mn
- Date télé : 9 mai 2024 22:55
- Chaîne : OCS Max
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 28 mars 2018
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Résumé : Mona rêve depuis toujours d’être comédienne. Au sortir du Conservatoire, elle est promise à un avenir brillant mais c’est Sam, sa sœur cadette, qui se fait repérer et devient rapidement une actrice de renom. À l’aube de la trentaine, à court de ressources, Mona est contrainte d’emménager chez sa sœur qui, fragilisée par un tournage éprouvant, lui propose de devenir son assistante. Sam néglige peu à peu son rôle d’actrice, d’épouse, de mère et finit par perdre pied. Ces rôles que Sam délaisse, Mona comprend qu’elle doit s’en emparer.
Critique : Dans un champ-contrechamp, on suit Mona (Leïla Bekhti) face à un moniteur dans lequel elle observe sa sœur Sami (Zita Hanrot) jouant une scène de viol. On peut lire dans le regard de cette jeune femme une certaine gêne face à cet exercice. Pas de doute, c’est une actrice douée, même si ce rôle renfermée ne lui sied pas au mieux, mais ses yeux en disent long du sentiment qui naît en elle. Un malaise commence à poindre, laissant imaginer que son personnage porte en elle le douloureux souvenir d’un tel traumatisme... et là, cut. Plus rien. On n’y reviendra jamais. Ce court plan, et ce montage contre-productif, en disent long sur le travail de réalisateurs de Jérémie et Yannick Renier, bien incapables qu’ils sont de faire suffisamment tenir une scène pour poser une ambiance efficiente. Et pourtant le titre, instinctivement évocateur de comportements meurtriers, mais aussi la musique électro anxiogène qui ouvre le film, ont de quoi laisser en attendre un thriller psychologique joyeusement retors, tel qu’on en a peu revu en France depuis Harry, un ami qui vous veut du bien. Après tout, la filmographie plutôt éclectique de Jérémie Renier avait elle aussi de quoi faire espérer de lui qu’il sache encore nous surprendre. Son premier passage derrière la caméra s’avère toutefois être le fruit d’une volonté de sa part de travailler avec son grand frère davantage que de nous offrir un long-métrage qui sorte un tant soit peu des sentiers battus.
En imaginant la relation entre deux sœurs, l’une actrice reconnue, l’autre dont la carrière n’a jamais décollé, il ne fait aucun doute que c’est bien d’eux que les frères Renier ont envie de parler. Et pourtant, en choisissant deux actrices qui, au-delà de leur féminité, leur sont physiquement très différentes, on ressent leur envie de s’éloigner d’eux-mêmes et de se permettre ainsi de leur affubler comportements dont ils pourront ensuite aisément se désolidariser. C’est ainsi que leur Carnivores va peu à peu près s’éloigner du mélo intimiste assez fade pour prendre la voie du thriller annoncé, mais de la façon la plus prévisible qui puisse être. Difficile alors de comprendre ce qu’essaient de construire les deux auteurs.
Davantage que dans leur scénario peu inspiré, c’est dans leur choix d’offrir à Leïla Bekhti le rôle de cette femme introvertie et frustrée, et à Zita Hanrot celui d’une starlette, à l’inverse solaire et exubérante, qu’il apparaît que c’est le défi de les diriger dans des prestations à contre-emploi qui a alimenté le travail des Renier. Impossible de nier que les deux jeunes actrices sont toutes deux irréprochables dans la peau de ces deux sœurs. On en retiendra notamment le burn-out de Sam (Hanro), qui passe par tout un panel d’émotions globalement bien retranscrites à l’écran. C’est donc bien à un pur film d’actrices fait par des acteurs auquel nous avons affaire ici, même si, encore une fois, leur réalisation impersonnelle empêche ces derniers de les mettre en valeur.
L’autre question qui reste en suspens à la vue de ce thriller convenu, est assurément celui du choix du titre. Qui sont ces fameux « carnivores » ? Serait-ce à des acteurs, au sens large, à qui les Renier ont fait référence ? Pourtant, à aucun moment, il n’est dit que c’est le métier d’actrice qui va mener ces deux sœurs à l’inévitable déchirement et à la montée de violence finale annoncée par ce titre. Celui qui serait davantage la figure de « grand méchant » de l’histoire, c’est ce réalisateur antipathique incarné par le belge Johan Heldenbergh (vu dans Alabama Monroe et Gaspard va au mariage). Libre à chacun de voir en lui un cinéaste avec qui les deux réalisateurs auraient des comptes à régler. Il n’empêche qu’ils auraient largement gagné à concentrer leur long métrage sur les coulisses des tournages et les difficultés inhérentes à la profession de comédien plutôt que sur la rivalité sous-jacente, entre ces deux sœurs, tant leur traitement du sujet n’aboutit à rien de saisissant. Leur premier essai à la réalisation est donc un joli pétard mouillé, qui ne mérite d’être vu que pour ses deux actrices qui, malgré la faiblesse de leur rôle, s’en sortent plutôt bien.
– Sortie DVD & Blu-ray : 22 août 2018
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