Carmen et Lola - la critique du film

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Notre avis : Après quelques courts-métrages et documentaires, la réalisatrice basque, inspirée par un article de presse relatant l’histoire d’un mariage lesbien gitan en Espagne, choisit de consacrer son premier film à la défense des femmes gitanes condamnées dès la naissance à se conformer aux us et coutumes patriarcales de leur communauté. Quelque part dans la banlieue de Madrid, elle nous emmène dans les marchés, les lieux de culte, les fêtes de famille, dans un monde à l’écart des modes de vie habituels, là où règnent des lois ancestrales et immuables imprégnées de religion et dont la principale caractéristique est de laisser tout pouvoir aux hommes. Les filles n’ont d’autres fonctions que de se marier et de faire beaucoup d’enfants. C’est ainsi que leurs mères les ont élevées pour qu’elles deviennent à leur tour des mères et des épouses parfaites. Beaucoup n’ont fréquenté que très peu les salles de classe et n’auront ainsi jamais la possibilité de trouver un travail en dehors de leur environnement car la communauté blanche n’engage pas de femmes gitanes.

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Cette incontournable marginalisation inflige à la réalisatrice un casting long et difficile mais on ne peut que louer son obstination qui lui permet de dénicher deux comédiennes qui, bien que novices, pétillent d’une belle authenticité et n’ont aucun mal à rendre attachants les personnages aux caractères bien trempés qu’elles incarnent. Elles sont la face lumineuse d’un ensemble qui peine à trouver son rythme au moins dans sa première partie, la faute à une histoire schématique qui s’enlise dans force de détails prévisibles au point de diluer dans un premier temps l’intérêt du traitement de la lutte pour le droit des femmes à vivre comme elles l’entendent. Lola (Zaira Romero) est une jeune fille secrète.
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Elle rêve se sortir de son milieu. Elle dessine et voudrait devenir enseignante. Sa mère l’incite à sortir pour rencontrer des garçons mais Lola court se réfugier dans les cybercafés pour se connecter discrètement sur des sites lesbiens à la recherche d’amours virtuelles. Bien sûr, elle a remarqué Carmen (Rosy Rodriguez), une beauté exubérante et sûre d’elle qui semble parfaitement en accord avec les traditions de sa communauté et s’apprête à se marier sans aucun remords alors qu’elle n’a que 17 ans. Quand Carmen pressent l’orientation sexuelle de Lola, elle se détourne d’elle et avec la spontanéité qui la caractérise ne manque pas de lui faire savoir. Pourtant par un raccourci aussi inexplicable qu’expliqué, alors que Lola avoue n’être jamais passée à l’acte, c’est bien Carmen qui lui permettra de vivre sa première expérience amoureuse, privant par la même occasion le spectateur de quelques nuances indispensables face à un tel revirement peu crédible.

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Pourtant au moment où ses héroïnes se libèrent, le récit s’épanouit. Portée par cet air de liberté aux couleurs chatoyantes qui semble laisser poindre la possibilité d’une révolution dans cet univers cadenassé, la mise en scène, bien qu’assez linéaire, s’anime de joie de vivre et de légèreté et malgré des chemins détournés, et nous convainc finalement du bien-fondé de cette œuvre émancipatrice.