Aux armes, citoyens !
Le 27 mai 2014
Projeté en Séances spéciales au Festival de Cannes 2014, le nouveau film de Stéphanie Valloatto devrait faire couler beaucoup d’encre. Pamphlet narquois à l’encontre du pouvoir mondial, Caricaturistes – Fantassins de la démocratie souligne gracieusement les absurdités de ce monde. On se soumet de bonne grâce à la pointe du crayon de ces nouveaux anti-héros.


- Réalisateur : Valérie Valloatto
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français, Italien, Belge
- Durée : 01h46mn
- Date de sortie : 28 mai 2014
- Festival : Festival de Cannes 2014

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Projeté en Séances spéciales au Festival de Cannes 2014, ce pamphlet narquois à l’encontre du pouvoir mondial, Caricaturistes – Fantassins de la démocratie souligne gracieusement les absurdités de ce monde. On se soumet de bonne grâce à la pointe du crayon de ces nouveaux anti-héros.
L’argument : 12 fous formidables, drôles et tragiques, des quatre coins du monde, des caricaturistes, défendent la démocratie en s’amusant, avec, comme seule arme, un crayon, au risque de leurs vies. Ils sont : français, tunisienne, russe, mexicain, américain, burkinabé, chinois, algériens, ivoirien, vénézuélienne, israélien et palestinien.
Notre avis : Activistes de l’ombre, les caricaturistes oeuvrent ardemment à l’avènement d’une ère nouvelle. En mettant à la Une le dessin de presse, Stéphanie Valloato revêt le costume de « whistleblower » (dénonciateur) et rappelle aux citoyens englués dans leurs bonnes consciences, les combats silencieux qui se livrent aujourd’hui.
© EuropaCorp Distribution
Caricaturistes – Fantassins de la démocratie a pour fer de lance Jean Plantureux, plus connu sous le pseudonyme Plantu. Dessinateur pour le journal Le Monde depuis des dizaines d’années, président de l’association Cartooning for Peace, l’irrévérencieux illustrateur régale son audience d’anecdotes truculentes et d’historiettes politiquement incorrectes. Des coups de téléphone injurieux de Nicolas Sarkozy en réaction aux mouches sans cesse dessinées autour de sa petite personne à l’embarras de Bayard sur les croquis effrontés mettant en scène un pape pédophile, Plantu se délecte de cette liberté d’expression que d’aucuns voudraient museler.
A l’instar des caricatures, ces farces exacerbent pourtant une réalité aux couleurs sanglantes. Mâtinant toujours la cruauté des faits d’un humour doux-amer, les esquisses protestataires n’impactent pas les gouvernements de façon égale. Certains caricaturistes mettent leurs vies en jeu à chaque dessin, comme Mana Neyestani en Iran, Nadia Khiari en Tunisie ou Mikhail Zlatkovsky. Inversement au journaliste, qui se targue d’informer de la façon la plus neutre qui soit, le caricaturiste met en gage sa subjectivité.
Sciemment désinvolte, Caricaturistes – Fantassins de la démocratie dénonce les travers d’une planète malade et dresse le portrait profondément humain des personnalités à son chevet. Malgré la bonne volonté et l’implication de la cinéaste, on se surprend à chercher encore au détour d’une séquence la hargne qui anime ces reporters aux visages d’encre. En dépeignant ces personnages passionnés avec une timide retenue, la metteuse-en-scène s’oublie dans la complexité de systèmes qu’elle ne perçoit pas dans leur globalité.
© EuropaCorp Distribution
Si l’on peut lui imputer une certaine forme de superficialité, Caricaturistes – Fantassins de la démocratie bataille avant tout pour ancrer dans la mémoire collective le souvenir de ces illustrateurs engagés, trop souvent relégués au statut d’humoristes. En cela, il est une réussite.