La communauté de Viggo
Le 6 juillet 2021
Road movie utopiste mené tambour battant, Captain Fantastic confirme surtout une chose : Viggo Mortensen est un acteur à part. Son charisme et son aura naturels irradient sur tout le film. Et si le dosage entre action, discours moral et comédie reste fragile, la galerie de portraits de ces véritables marginaux conduit tout droit vers le feel good movie.
- Réalisateur : Matt Ross
- Acteurs : Viggo Mortensen, Steve Zahn, Frank Langella, George Mackay, Samantha Isler, Annalise Basso, Nicholas Hamilton
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Mars Distribution
- Editeur vidéo : TF1 Vidéo
- Durée : 2h00mn
- Date télé : 7 février 2024 21:05
- Chaîne : 6ter
- Box-office : 546 376 (entrées France), 5.879.000$ (recettes US)
- Date de sortie : 12 octobre 2016
- Festival : Festival de Cannes 2016, Festival de Deauville 2016
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Résumé : Ben vit avec sa femme et ses six enfants dans les forêts du Nord-Ouest Pacifique, totalement isolé de la société, mais en père dévoué qui se consacre à l’enseignement académique et physique de ses enfants. Bientôt, une tragédie se produit, qui force la famille à quitter leur petit paradis.
Critique : On fonce droit devant, tête baissée, avec pour seul point de repère ce discours implacable sur la société consumériste et l’appauvrissement des esprits. On l’a déjà entendu, notamment dans les romans de Thoreau ou dans toute forme d’apologie du retour à la terre. Sous ces allures de comédie, Captain Fantastic est donc cette petite voix qui préconise un temps de casser son prisme pour voir notre réalité sous un autre œil. Utopie grossière ou unique manière de vivre « pleinement », ce sera au spectateur de se faire son jugement. C’est d’ailleurs là l’intérêt de ce Little Miss Sunshine mâtiné de Mosquito Coast : ne pas donner de jugement prémâché. La petite famille semblait parfaitement huilée dans sa vie en autarcie mais l’écho du réel ne pardonne pas. Lorsqu’il s’agit de se confronter au monde alentour, les rouages explosent malgré tout le mal que se donne le bon père de famille qui semble avoir une réponse à toutes les interrogations. Les deux régimes s’affrontent : celui du surplace, qui maintient la famille dans sa forêt protectrice, loin de tout et loin du monde, et celui du road movie qui confronte ce système idéaliste à l’action improvisée.
- Copyright Mars Distribution
Parfois le manichéisme du portrait reprend hélas les rênes du récit. La peinture de la société est assez grossière. Ainsi les deux « neveux civilisés » sont des ados débiles qui ne savent pas ce qu’est la Constitution face aux enfants marginaux qui, eux, sont tous de petits génies. Si le récit prenait une couleur absurde ou totalement irréelle, cela pourrait passer. Mais au contraire, il la fuit constamment et affiche du coup sa propre hésitation. Si bien qu’on ne sait plus si l’on doit rire ou être agacé par cette absence de caractère. Pour un projet décrivant et louant la singularité et toutes formes de rébellion, célébrant Noam Chomsky comme un dieu, c’est d’autant plus regrettable. Mais malgré cette petite errance, Captain Fantastic sort du lot, porté par les épaules d’un Viggo Mortensen en état de grâce (dans quel film ne l’est-il pas ?).
- Copyright Mars Distribution
Le héros des Promesses de l’ombre incarne ce « gourou » familial avec une telle force qu’il parvient à conquérir son audience dans et hors du film. On retrouve des gestes (son front collé à son fils, comme dans A history of violence avec son frère), son physique affûté, son phrasé unique, doux et guerrier à la fois. On ressent son discours jusqu’à l’épouser comme lorsqu’il harangue ses troupes dans Le retour du Roi. Oui, Viggo Mortensen est une icône, totalement en dehors du système - Captain Fantastic ou Jauja prouvent son engagement sans faille, loin des studios et du préfabriqué. Il démontre que le cinéma de l’acteur existe bel et bien et guide ses compositions par sa manière de se fondre dans ses rôles et de transpirer sa véritable identité. Dans cette entreprise éphémère (familiale dans le récit et même celle, toute petite, du ciné indé), il aura été une fois de plus guide, mentor, roi.
Après un succès colossal en France, plus de 500.000 entrées pour une production indépendante, Captain Fantastic sort dans une belle édition vidéo, chez TF1 Vidéo.
- © TF1 Vidéo
Les suppléments :
Interview de 25mn, donc conséquente, du réalisateur Matt Ross qui explique notamment la genèse de cette œuvre personnelle mais non autobiographique, soumise à l’instinct paternel de l’artiste. Le making-of de 4mn est en fait une featurette insipide. Dernier bonus, la présentation du film à Sundance, en janvier 2016. Moment émouvant pour les artistes interrogés qui ne se doutaient pas alors de l’énorme retentissement que le film allait avoir un peu partout dans le monde.
L’image :
Nous n’avons pu tester que la copie SD. Contraste suffisant pour répondre aux critères du support, avec de belles couleurs. Aucun problème.
Le son :
Le Dolby Digital 5.1 de la VF et de la VO est de belle facture. L’investissement du score, doux, folk et émouvant, donne de l’ampleur à cette œuvre communautaire intimiste.
– Sortie DVD, Blu-ray & VOD : 14 février 2017
- Copyright Mars Distribution
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