Cabale à Kaboul

Afghanistan, terre promise ? Un sujet choc réalisé au cordeau. C’est pas tous les jours...

L’argument : Depuis l’arrivée des Russes en 1978 et les Talibans, que reste-t-il de la communauté juive afghane ? Deux hommes perdus entre haine et religion.

Notre avis : Dans la vieille synagogue de Kaboul, en Afghanistan, se joue une comédie dramatique. Isaac et Zabulon sont les deux derniers représentants de la communauté juive au pays des Talibans. Et ces deux énergumènes ne peuvent pas se piffer. De volée de bois vert en insultes, ces compagnons d’infortune illustrent le triste sort réservé aux minorités dans un tissu social peu accueillant.
Comment ces deux là en sont-ils arrivés à se haïr à ce point ? Pourquoi ont-ils choisi de rester en Afghanistan alors que les autres Juifs ont mis les bouts depuis un bye pour Israël, l’Europe ou les Etats-Unis ? Le réalisateur Dan Alexe a l’intelligence de laisser toutes ces interrogations en suspens dans ce documentaire claustrophobe où l’on frôle le huis clos : on y fait deux trois tours dans la ville et dans un cimetière juif qui aère à peine le film de la rancune qui l’étouffe.
Au lieu d’être un prolongement de soi, l’ultime frère d’une culture et d’une époque, Isaac est devenu l’ennemi intime à abattre. Quitte à ce que Zabulon lui casse du sucre avec un imam face caméra. Amanda Sthers avait écrit un livre piquant, post Woody Allen, (Chiken street) sur ce sujet. Ici, exit les gags et le sens du rythme new-yorkais. A Kaboul, être juif, c’est avoir le sentiment trouble d’être le dernier homme sur Terre. Car votre semblable vous hait à mort.