Apocalypse Béart
Le 23 décembre 2011
Offensif mais conventionnel, le dernier Despentes se perd dans une surenchère d’arrogance que ni ses personnages, ni leur auteure ne maîtrisent tout à fait.
- Acteurs : Emmanuelle Béart, Béatrice Dalle, Pascal Greggory
- Genre : Comédie dramatique, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Durée : 1h37mn
- Titre original : Bye bye Blondie
- Date de sortie : 21 mars 2012
- Plus d'informations : Le site du distributeur
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Offensif mais conventionnel, le dernier Despentes se perd dans une surenchère d’arrogance que ni ses personnages, ni leur auteure ne maîtrisent tout à fait.
L’argument : Gloria a quarante ans. Elle n’a ni travail, ni vie de famille, ni domicile fixe. Elle passe ses journées au Royal, un bar rock de quartier à Nancy. Frances a quarante ans aussi. Elle vit à Paris. Elle est présentatrice d’une quotidienne qui passe à la télé à heure de grande écoute. Elle est mariée à Claude Muir, romancier à succès. Dans le privé, Frances aime les filles et son mari aime les garçons. En public, ils forment un couple uni. Gloria et Frances se sont rencontrées dans un hôpital psychiatrique dans les années 80. Elles se sont aimées comme on s’aime à seize ans : drogue, sexe et rock&roll. Puis la vie, autant que les contraintes sociales, les a séparées. Vingt ans après, à nouveau, leurs chemins se croisent...
Notre avis : Accueilli triomphalement au festival Chéris-Chéries où il était présenté en avant-première, Bye Bye Blondie se voudrait résolument militant. Pour preuve : l’intrigue du roman, qui mettait en scène un couple hétéro, devient à l’écran une relation homosexuelle entre les deux protagonistes, deux femmes que tout oppose mais qui vont se trouver réunies pour une tentative de vie commune mise à mal par les incessantes provocations de l’une d’entre elles, Gloria.
Provoc’ : c’est un peu l’étiquette que se colle, parfois malgré lui, le dernier Despentes. Les premières minutes appuient à l’excès une volonté de choquer le spectateur moyen : générique pseudo-offensif sur fond de musique rock, postures rebelles de Béatrice Dalle qui clope, boit de la bière en plein aprem avec les copains et parle comme un charretier. Là-dessus, arrive Frances, fille aguicheuse, vulgaire, vautrée dans un luxe hypocrite puisqu’elle fait croire en public à son hétérosexualité afin de ne pas passer pour la "gouine du PAF". Comble d’hypocrisie, même, puisque son mari, écrivain ultra-bobo (Pascal Greggory, à qui le rôle va plutôt bien au demeurant) se paie des petits gigolos à la sauvette. On le voit, en dépit d’un charme pittoresque - certaines répliques font mouche - les personnages peinent à susciter notre attachement ou même, notre intérêt. La faute en incombe à un scénario qui les présente en permanence comme des êtres fuyants, incapables d’assumer leurs responsabilités, en conflit avec une autorité caricaturale.
A cette première trame se greffent en effet de nombreux flash-back évoquant le passé des deux amantes en hôpital psychiatrique - sur fond de hurlements permanents - ou en compagnie de leurs groupes de punks - qui ne cessent de se bastonner. Il en devient impossible pour le spectateur de s’identifier ou même, de s’attacher aux personnages, d’autant que la mise en scène de Despentes, assez "neutre", n’invite guère à l’osmose où à la sublimation esthétisante.
Le militantisme au cinéma est une sale affaire. Si les revendications de Despentes s’accommodent bien du support textuel, où elles donnent parfois lieu à des expérimentations langagières heureuses, en revanche son approche cinématographique est dénuée de réelle profondeur. A un moment du film, l’une des héroïnes explique que "la violence est le langage des imbéciles". Précisément. Bye Bye Blondie met en scène des personnages violents, avec eux-mêmes, avec les autres, en permanence. On ne s’émeut pas de leurs difficultés. Leurs revendications ne nous touchent pas. Nous autres spectateurs, que le film ne cesse d’attaquer comme pour nous mettre en garde contre les préjugés qu’il nous impute, nous préférons les héroïnes qui bavardent moins mais se risquent à l’amour : celles de Boys don’t Cry, celles de Monster, celles qui sont encore capables de refuser ce cynisme destructeur que leur pré-mâche l’anticonformisme le plus élémentaire. Et sans doute aussi, le plus dangereux.
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