Le 29 mai 2020
Une romance un peu fade qui met en scène un jeune homme de bonne famille, plutôt paumé, et une Philippine en quête d’un titre de séjour, au milieu du fameux quartier de New York dont on ne perçoit pas vraiment le charme.
- Réalisateur : Isabel Sandoval
- Acteurs : Eamon Farren, Lynn Cohen, Lev Gorn, Mark Nelson
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Américain, Philippin
- Distributeur : JHR Films
- Durée : 1h29mn
- Titre original : Lingua Franca
- Date de sortie : 1er juillet 2020
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Résumé : Olivia travaille comme soignante auprès d’Olga, une grand-mère russe ashkénaze de Brighton Beach à Brooklyn. Fragilisée par sa situation d’immigrante philippine, elle paie secrètement un Américain pour organiser un mariage blanc. Alors que celui-ci se rétracte, elle rencontre Alex, le petit fils d’Olga, avec qui elle ose enfin vivre une véritable histoire d’amour…
Critique : Alex revient de l’Ohio pour habiter chez sa grand-mère qui perd doucement pied avec la réalité. Il rencontre Olivia, une Philippine sans papiers, qui exerce le métier d’aide à domicile, tout en cherchant à faire régulariser sa situation par un mariage arrangé. Dès les premières séquences du film, on ne tarde pas à comprendre qu’une attirance amoureuse finira par naître entre les deux protagonistes. La réalisatrice Isabelle Sandoval joue son propre rôle dans ce récit qui pourrait laisser entendre qu’il s’agit d’une autobiographie. Le risque permanent, dans ce genre d’exercice, demeure le manque de distance propre à la mise en scène et hélas, Brooklyn Secret tombe dans cet écueil. Les deux personnages centraux sont touchants et attachants, mais peut-être insuffisamment travaillés pour qu’ils endossent une épaisseur suffisante. Étrangement, le spectateur passe à côté d’eux, sans forcément pouvoir s’identifier ou s’attacher à leur destin contrarié. Le romantisme prend le pas sur des thèmes déjà vus de nombreuses fois au cinéma, qu’il s’agisse de la difficulté pour les migrants à s’installer aux Etats-Unis ou des questions identitaires amoureuses.
- Copyright JHR Films
Evidemment, le film déroule un sujet intéressant, à savoir la difficulté à trouver un sens à sa vie quand on est pris en otage par les contraintes administratives et la promesse d’un mariage qui n’arrive pas. L’héroïne est sans cesse rappelée par son pays d’origine, les Philippines, dans la mesure où elle doit envoyer de l’argent à sa mère. Paradoxalement, elle occupe un emploi généralement pourvu par des personnes d’origine étrangère, quand on sait les conditions de rémunération et d’exercice de ce type de métier. Elle ne se plaint pas, montre au contraire beaucoup d’expertise et de patience vis-à-vis de la grand-mère d’Alex. Lui, au contraire, s’il s’essaye aux métiers de l’abattoir, semble totalement perdu. Le film met en scène des parcours de vie qui, normalement, n’ont aucune chance de se rencontrer. Les mondes s’ignorent et par un miracle qui n’en est pas un, les personnages tombent amoureux l’un et l’autre.
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En fait, on s’ennuie beaucoup dans cette romance qui ne brille pas particulièrement par son originalité. Si l’on excepte la fin qui montre des plans fixes de la ville, absolument très beaux, le quartier de Brooklyn est peu présent. On se serait attendu à un film qui relate les vies crépusculaires qui façonnent l’identité culturelle du fameux quartier. On reconnaît les hautes maisons américaines, les stations de métro, les commerces qui bordent les avenues bondées de voitures. Mais le charme s’arrête là, le récit étant sans doute trop absorbé par le récit de cet amour inattendu. Le scénario s’égare hélas dans des poncifs et du déjà-vu narratifs, au point d’ailleurs que la suite des événements paraît presque prévisible. Le long-métrage est bien sûr émaillé de la révélation du sexe de l’héroïne, mais on se demande avec étonnement pourquoi son jeune amant ne s’en est pas aperçu dès le début de leur relation, d’autant que la cinéaste marque volontairement les moments où les deux protagonistes ont des rapports charnels.
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Bref, Brooklyn Secret n’a de secret que le mot du titre. Si le sujet s’annonçait comme prometteur, il achoppe sur une série de poncifs qui laissent le spectateur sur sa faim.
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