Le 20 août 2024
Loin du film d’aventures trépidant dont rêvaient sans doute ses créateurs, un ratage de taille. Circulez : ici, il n’y a rien à voir...
- Réalisateur : Eli Roth
- Acteurs : Cate Blanchett, Jamie Lee Curtis, Jack Black, Gina Gershon, Édgar Ramírez, Kevin Hart, Florian Munteanu
- Genre : Comédie, Science-fiction, Action, Nanar, Aventure
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Société nouvelle de distribution (SND)
- Durée : 1h41mn
- Date de sortie : 7 août 2024
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Résumé : Lilith, une chasseuse de primes au passé trouble, revient à contrecœur sur sa planète natale, Pandore, la planète la plus chaotique de la galaxie… Sa mission est de retrouver la fille disparue d’Atlas, l’homme le plus puissant (et le plus méprisable) de l’univers. Pour y arriver Lilith va devoir former une alliance inattendue avec une joyeuse équipe de marginaux...
Critique : Une fois par an, parfois un peu plus, un blockbuster remet en question, par les proportions de son échec, tout ce que l’on croit avoir compris du fonctionnement de l’industrie hollywoodienne. Tank Girl, Les quatre fantastiques, Justice League, entre autres, furent les plus gros ratages de leurs années respectives, et constituent encore aujourd’hui des cas d’école, des contre-exemples salutaires. Si un jour Borderlands devait finir dans les livres d’histoire du cinéma, ce serait donc au côté de tous ces flops – et nulle part ailleurs. Car ce film est une drôle d’expérience, dont on ressort troublé, non pas par ce qu’on a vu sur l’écran, mais par le décalage apparent entre ce qu’ont envisagé les créateurs du film et son résultat en bout de course. Car Borderlands devrait être un film d’aventures spatiales, assez trépidant et vaguement rigolo, comme Hollywood en produit à la pelle depuis le succès des Gardiens de la Galaxie dans les années 2010. Au lieu de ça, c’est un champ de mines, qui porte dans chaque scène les stigmates de sa gestation compliquée.
- © SND. Tous droits réservés.
On en ressort troublé, disait-on donc, et avec une série de questions, de « pourquoi » qui restent sans réponse : pourquoi avoir embauché huit scénaristes pour se marcher dessus et pondre un script sans queue ni tête, finalement attribué à un certain Joe Crombie, néophyte dont personne n’a jamais entendu parler, et qui est peut-être même un scribe réputé planqué derrière un pseudonyme ? Pourquoi avoir remplacé Eli Roth, cinéaste aux marottes immédiatement identifiables, par le passepartout Tim Miller, pour superviser le tournage de scènes additionnelles, et ainsi accoucher d’un objet visuellement aussi bordélique ? Pourquoi avoir embauché une distribution globalement talentueuse (les oscarisées Cate Blanchett et Jamie Lee Curtis en tête) pour leur faire jouer des personnages qui ne dépassent jamais le stade de la grossière caricature ? Dernière interrogation, et pas des moins douloureuses : pourquoi – et surtout pour qui – un film comme Borderlands existe-t-il ?
- © SND. Tous droits réservés.
Si on peut évidemment subodorer de l’intérêt mercantile évident qu’ont les studios hollywoodiens d’adapter des jeux vidéo déjà lucratifs, l’échec avéré de Borderlands – comme celui d’autres films avant lui – montre bien les limites de telles adaptations. Pas étonnant que l’audience visée par le film reste assise dans son canapé : les gamers resteront de marbre face à une adaptation abâtardie de leur jeu préféré, expurgée de toute surprise et toute prise de décision, tandis que les cinéphiles (même les plus indulgents) feront la moue face à un long-métrage qui se réapproprie sans se fouler des idées qui ont mieux, mais alors vraiment mieux, fonctionné ailleurs. Et, même si l’on raisonne comme les comptables hollywoodiens, c’est-à-dire avec des critères purement commerciaux, le compte n’y est pas : même lorsqu’un long-métrage casse la baraque au box-office et passe le cap du milliard de dollars (comme Super Mario Bros. l’a fait l’an dernier), tout cela reste de la menue monnaie face au pognon de dingue engrangé par les grosses franchises vidéoludiques. À moins, bien sûr, que l’on fasse fausse route et que le film ne vise depuis toujours que ceux qui seront les plus à même d’apprécier son obsession scatologique : les enfants de cinq à neuf ans.
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