Le 28 février 2025
Assez foutraque, cette deuxième comédie de la comédienne Judith Davis, aux airs écologico-bobos, s’égare dans des détours scénaristiques assez prévisibles et pas très convaincants sur la durée.


- Réalisateur : Judith Davis
- Acteurs : Judith Davis, Maxence Tual, Claire Dumas, Simon Bakhouche
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : UFO Distribution
- Durée : 1h47mn
- Date de sortie : 26 février 2025

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Résumé : Jeanne quitte quelques jours le stress de la vie urbaine pour aller voir sa grande amie Elisa, récemment installée à la campagne. Au cœur des bois voisins, un château abandonné devenu tiers-lieu, foisonne d’initiatives collectives. Elisa aimerait s’y investir, mais entre biberons et couches lavables, elle n’en a pas le temps. Jeanne, en militante des villes, n’y voit aucun intérêt. Quant à Amaury, promoteur en hôtellerie de luxe, le château, lui, il veut l’acheter. Tous trois convergent malgré eux vers ce lieu d’entraide et de subversion... Mais combien de temps cet asile d’aujourd’hui pourra-t-il résister à ce monde de fou ?
Critique : En dépit du titre, le deuxième film sur les écrans de Judith Davis n’aborde pas frontalement la folie. Pas frontalement, parce que derrière cette ribambelle de personnages originaux et figés dans les stéréotypes attendus de leur classe sociale, se cache un ancien hôpital psychiatrique dit HP, reconverti en une sorte de communauté écologique et fraternelle, pas très éloignée d’un esprit sectaire en dehors du fait qu’elle refuse toute tractation financière. Bonjour l’asile raconte l’émergence d’un tiers lieu à travers trois personnages, une jeune mère épuisée, une directrice d’association stressée et un business man au bord du burn out et de l’infection urinaire. Tous les trois convergent vers ce drôle d’espace où les visiteurs s’adonnent à des thérapies étranges et subversives, dans l’intention de se remettre en ligne avec ses propres émois intérieurs.
- Copyright UFO Distribution
En ce sens, Bonjour l’asile se veut une comédie psychologique aux airs burlesques et décalés. La réalisatrice ne cherche pas la cohérence, ni même la vraisemblance. Elle se moque allègrement des groupes culturels qui sont tous engoncés dans des postures de classe sociale, qu’il s’agisse des chefs d’entreprise, perclus de snobisme, des ex-Parisiens à la recherche d’une vie plus verte, ou des provinciaux ahuris par un mode de vie collectiviste et illuminé. En réalité, tous les personnages sont perdus dans une forme d’existence hors sol qui n’est pas très loin de la folie, sinon qu’il n’y a pas de psychiatre ou d’infirmiers en blouse blanche à leur courir après.
Le spectateur a bien compris que le long-métrage de Judith Davis ne cherche pas à se prendre au sérieux. Pourtant, les personnages ne sont peut-être pas encore assez barrés pour qu’on perçoive l’ironie du propos. Le scénario en effet appuie son propos sur des personnages très stéréotypés, dans une théâtralité assumée mais assez lassante sur la longueur. À ce défaut d’écriture s’ajoutent des scènes à la limite du fantastique dont on ne comprend pas vraiment la cohérence avec le reste de l’histoire. Bref, Bonjour l’asile ne fonctionne pas vraiment, une fois les premières séquences passées, où le spectateur perçoit un récit assez prévisible et convenu, où les Robins des Bois gagnent contre les affreux patrons bourgeois.
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Bien sûr, on ne peut pas reprocher à Judith Davis de brouiller les lignes du récit. Mais elle émaille sa comédie de maladresses qui réduisent les effets de surprise et laissent le spectateur un peu désarçonné. Provoquer le rire est un art délicat et difficile. La réalisatrice se prend du coup un peu les pieds dans le tapis, avec cette fantaisie trop perchée pour emporter le spectateur dans son délire. En dépit d’un format relativement court, le récit s’éternise alors sur la fin, mettant dos à dos les communautés bourgeoises et malveillantes, et les gentils allumés écologiques qui se moquent des normes et de la réglementation.
Il y avait pourtant des idées dans cette comédie bonne enfant, sans prétention. On s’y est franchement ennuyé, tout en étant convaincu qu’elle pourra séduire les spectateurs en proie à un renouvellement du cinéma français. L’esprit grand-guignolesque de cette fable champêtre nous aura laissé un goût fade, faute sans doute à une écriture insuffisamment aboutie.