Le 20 février 2024
Sélectionné aux César 2024 et révélé par la Semaine de la Critique 2023 à Cannes, Boléro est un petit bijou cinématographique où la fantasmagorie côtoie habilement le portrait social.
- Réalisateur : Nans Laborde-Jourdàa
- Acteurs : François Chaignaud, Muriel Laborde-Jourdàa, Mellie Laborde-Jourdàa, Roger Marcillaud, Loïc M’Bora, Yan Jumbou
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Durée : 0h17mn
- Festival : Festival de Cannes 2023
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Résumé : Fran est de passage dans sa ville natale pour se reposer et rendre visite à sa mère. Suivant le rythme saccadé du Boléro, ce parcours sur les chemins du souvenir et du désir va le mener, ainsi que tout le village, à une apothéose joyeusement chaotique.
Critique : D’abord, c’est un danseur dans un habit de femme espagnole, exposé à la solitude de la scène, et qui s’engage sur un mouvement du corps au rythme célèbre du Boléro. Puis, quasi immédiatement, il y a devant l’écran le paysage vert d’une montagne. Le contraste est puissant, opposant sans doute la radicalité d’un village de province à l’inventivité d’un artiste qui se pose des questions sur son genre. Le retour dans la patelin natal de Fran démarre par un accroc, une panne de voiture, le fameux coup de la panne diraient quelques-uns, sauf que cette panne le conduit à un bout de campagne où manifestement les hommes ont l’habitude de se rencontrer et de faire l’amour en pleine nature.
- Copyright Wrong Films
Que l’on se garde bien de penser que Nans Laborde-Jourdàa a réalisé un court-métrage à la façon d’Alain Guiraudie sur les amours homosexuelles en province. Boléro bouscule le genre prévisible d’un certain homoérotisme pour s’embarquer dans une fantasmagorie dansée sous l’air supposé de Ravel. Le pas de danse démarre dans le WC d’une grande surface et tout éclate dans un chaos indescriptible. Boléro est une œuvre très écrite, très bien structurée, qui ne ressemble pas à grand-chose que l’on connaisse au cinéma. Le réalisateur décompose les rythmes, adopte les incohérences comme le fil conducteur totalement vraisemblable de son récit. La photographie est très belle, particulièrement quand il s’agit de filmer des pieds ou des mains évoluer derrière la porte d’un toilette de supermarché. On pressent alors la force de la danse, dans un hors champs superbe.
- Copyright Wrong Films
Boléro est une véritable réussite pour ce jeune comédien qui s’essaye à la réalisation. Il y a déjà dans cette manière poétique et brute de filmer les pas d’un réalisateur que tout amène vers le long-métrage. Peut-être qu’il y aura après la joie des César une fiction inventive, avec des jolis garçons, des personnages déjantés et des univers qui s’imbriquent pour composer un nouveau monde.
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