Taiwanese pie
Le 7 janvier 2003
Trop d’eau de rose noie un sujet pourtant intéressant.

- Réalisateur : Yee Chih-yen
- Genre : Comédie dramatique, LGBTQIA+
- Nationalité : Taïwanais

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– Durée : 1h24mn
Un petit film à l’eau de rose sur un sujet qui aurait pu être intéressant. Rien de bien nouveau sous le soleil de Taïwan.
Une histoire simple dans la même veine que Lonely Hearts Club (1995), le premier long métrage du réalisateur taïwanais Yee Chih-yen. Kérou aime sa meilleure amie Yuezhen, Yuhezen adore un joli garçon vif et intelligent qui finalement pose son dévolu sur Kérou. La boucle est bouclée et le scénario de ce point de vue n’a rien d’original. Ce film se veut une réflexion sur les émois de l’adolescence, mais quelque chose ne va pas. Il y a des flottements, comme le souvenir de séries télévisées un peu faciles. Des adolescents en proie à leurs tourments et qui ressemblent à s’y méprendre à de jeunes Américains des 60’s. Les raviolis chinois remplacent les hamburgers et les vélos, les motos. La musique est essentiellement anglo-saxonne et la mélodie de piano martelée doucement comme une petite musique de Bach nous répète que l’amour peut aussi être triste !
La plus grande absente de cette histoire est certainement la population taïwanaise. Elle n’apparaît que par petites touches impressionnistes et comme pour souligner l’absence du monde adulte représenté uniquement par un professeur de gymnastique nostalgique et frustré. Cela donne un film ténu et un peu puéril avec quelques longueurs. Si le public taïwanais sort ses mouchoirs à la fin de la séance comme le précise le réalisateur, ce n’est probablement pas parce que le sujet évoqué l’inquiète. C’est parce que, osons l’écrire, c’est un film qui fleure l’essence de rose.
Le metteur en scène a voulu mettre en évidence le doute qui saisit la jeune Kérou face à sa meilleure amie et s’il évoque cette homosexualité, il le fait maladroitement. Le sujet n’est en réalité pas traité. Dans un univers d’amours tardifs, dans un lycée où garçons et filles ne se mélangent pas, dans une société que le réalisateur nous décrit comme prude, quoi de plus normal pour une jeune fille un peu plus indépendante que les autres, de reporter son affection sur une camarade de classe ? L’amour et l’amitié ici se confondent pour les "filles et les garçons". Un baiser maladroit et furtif de Kérou sur la bouche de son amie serait alors la justification de son homosexualité ? Elle croit aimer les filles... et elle a dix-sept ans... La belle affaire !
Yee Chih-yen semble avoir du mal à sortir de l’adolescence. Ses prises de vues sont séduisantes mais il a besoin d’approfondir les éléments de réflexion qui lui tiennent à coeur. On ne passe pas un mauvais moment, mais on reste un peu à côté de toutes les questions essentielles qui pourraient être posées.