Noir profond
Le 6 juillet 2016
Série noire brillante, Bloodline enchante par son atmosphère de polar dans un monde trop beau pour être honnête, et magnifie des personnages complexes qui gagnent encore en profondeur au crépuscule de cette deuxième saison.
- Acteurs : Andrea Riseborough , Ben Mendelsohn, Kyle Chandler, Sissy Spacek, Linda Cardellini
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Américain
- Chaîne de TV : Netflix
- Titre original : Bloodline
- Date de sortie : 27 mai 2016
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Résumé : Danny Rayburn n’est plus mais son fantôme hante encore l’esprit de son frère John. Quand surgit Nolan, le fils de Danny dont tout le monde ignorait l’existence, John sent venir les ennuis.
Notre avis : La deuxième saison de Bloodline s’annonçait délicate à manœuvrer, le tandem Ben Mendelsohn/Kyle Chandler étant difficilement renouvelable eu égard au dénouement de la première saison. La série de Netflix s’en sort pourtant brillamment, creusant un peu plus loin dans les tourments de ses personnages, les poussant dans leurs derniers retranchements, éclairant les turpitudes de la famille Rayburn à la lampe du film noir. Des actes et de leurs conséquences jusque là dissimulés sous les flots de l’archipel des Keys, voilà bien le sujet de Bloodline. Le meurtre d’un type que tout accable par un homme insoupçonnable, une fratrie qui se tient les coudes pour dissimuler l’affaire, des représentants de l’ordre un peu pourris, et un fils caché qui vient gratter le vernis de cette famille trop parfaite. On sait déjà ce qui cloche chez les Rayburn. On en a eu plus qu’un aperçu dans la première saison. C’est là la force de cette série qui avance à rebours et révèle tout très vite, faisant du meurtre un accessoire secondaire, détournant le spectateur du sujet pour mieux sonder la psyché des personnages et observer, fasciné, leur chute.
Les créateurs de la série ont judicieusement choisi les Keys comme décor du drame qui se noue entre les personnages. Un archipel situé à l’extrémité sud de la Floride, endroit idyllique et protégé relié au continent par d’immenses routes qui surplombent la mer. Allégorique au possible, le paysage n’offre aux personnages qu’une porte de sortie très étroite. Une porte de sortie qu’un des personnages empruntera lors du dernier épisode d’une saison plus retorse que la précédente. Les repères moraux sont définitivement brisés, les personnages les plus droits révélant leur part d’obscurité sans que jamais le scénario ne les juge. A l’inverse, les loosers, les abîmés de la vie qui magouillent et tentent de dépasser leur condition sociale prennent une place plus importante dans le paysage des Keys, luttant contre le système en place et finissant par apparaître, au delà des vices et des péchés, plus humains.
On n’est pas étonné, alors, de voir apparaître Dennis Lehane au générique en tant que consultant artistique. Difficile en effet de ne pas voir la parenté entre Bloodline et l’univers de l’auteur de Mystic River et Gone Baby Gone.
La série, lente et lourde comme avant l’orage, laisse toute sa place aux acteurs. On saluera un casting sans faute, enrichi par l’arrivée d’Andrea Riseborough (Oblivion), touchante en mère paumée qui cherche à sortir la tête de l’eau, et Owen Teague, troublant en écho fantomatique de Danny devenant rejeton maudit et émouvant. John Leguizamo serpente avec jubilation, quand David Zayas, le Angel Batista de Dexter, affronte Kyle Chandler sur le terrain politique. Parlons-en de Kyle Chandler, l’inoubliable coach Taylor de Friday Night Lights, habitué aux rôles de pater solide et droit dans ses bottes. Il chancelle ici, et c’est magnifique. Son personnage crève de l’intérieur. Lui, crève l’écran. On le retrouvera en décembre au cinéma, dans Manchester By the Sea, pour, à nouveau, une histoire de famille. De quoi patienter avant une potentielle troisième saison de Bloodline qui s’annonce encore plus désespérée. Le malheur des Rayburn fait le bonheur des spectateurs.
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