Bienvenue en Afrique !

Une invitation à considérer autrement l’immigration et les Africains en général.

L’argument : Isaac, immigré africain, est arrêté par la police autrichienne alors qu’il tente de rentrer clandestinement sur le territoire. Il est reconduit au Ghana, dont les autorités autrichiennes supposent qu’il est originaire, par deux policiers qui s’y retrouvent - comme lui chez eux - "sans papiers". C’est le début d’une aventure humaine riche en rebondissements.

Notre avis : Cette histoire de l’arroseur arrosé - les policiers se retrouvent à la place de ces immigrés qu’ils maltraitent - qu’est Bienvenue en Afrique est pleine d’humanité. Et d’humour. Ce film démontre, encore une fois, que le racisme est balayé quand les gens apprennent vraiment à se connaître et à se comprendre. Le scénario a d’ailleurs pour l’immigré africain, que l’on peut être, quelque chose de jouissif. Il pourrait même se laisser aller à un très méchant "Bien fait ! Ils vont enfin comprendre ce que c’est que d’être aux abois." Le réalisateur autrichien, Andreas Gruber, président d’une association qui milite contre le racisme, traite ici avec beaucoup de justesse - pas d’happy end, juste une présentation des faits et des motivations des partis prenantes - du douloureux problème de l’immigation. Il nous rappelle que les Africains, surtout les plus jeunes, ne prennent pas autant de risques pour franchir ces nombreuses "enclaves de Melila et de Ceuta" pour le simple plaisir de risquer leur vie, mais tout simplement parce qu’ils aspirent à des lendemains meilleurs. A l’instar de tous les êtres humains.
Gruber s’emploie aussi à détruire un cliché récurrent chez les Européens, qui se croient souvent en terrain conquis quand ils débarquent sur le continent africain. Finie l’époque coloniale ! Les Africains ont depuis longtemps cessé de se considérer comme des êtres inférieurs et ont pris leur indépendance "spirituelle", même si celle-ci tarde encore à se matérialiser sur les plans politique et économique. Ce changement de mentalité se retrouve dans le sémillant patron de l’immigration ghanéenne auquel se heurte le très raciste policier autrichien qu’incarne Georg Friedrich (La pianiste). Si l’évolution de son personnage est attendue, elle n’en demeure pas moins intéressante car elle témoigne de ce que les hommes sont tenus par leurs soucis quotidiens, leurs croyances et surtout leurs préjugés, jusqu’à ce qu’ils se rendent compte de leurs erreurs. Bienvenue en Afrique, en plus d’être un très bon moment de cinéma, participe à l’éveil de nos consciences et confirme que le racisme n’est rien d’autre que la méconnaissance de la culture de l’autre. De fait, au sortir de cette séance, vous ne devriez plus considérer un immigré comme vous le faisiez auparavant. Vous lui accorderez au moins le bénéfice du doute !