Coïtus non interruptus
Le 4 février 2003
Elaboration délirante autour de la sexologie politique reichienne.
- Auteur : Christophe Fiat
- Editeur : Léo Scheer
- Genre : Roman & fiction
L'a lu
Veut le lire
Elaboration délirante autour de la sexologie politique reichienne, Bienvenue à Sexpol explore les dérives et les récupérations d’une théorie qui fit les beaux jours d’une révolution sexuelle mal digérée.
3 novembre 1957. Wilhelm Reich meurt dans une geôle américaine, laissant une oeuvre explosive, universellement controversée, brûlée, interdite, adulée, sacralisée. Théoricien du freudo-marxisme, il élabore le principe de l’énergie sexuelle comme régulateur des névroses, et crée une association pour une politique sexuelle prolétarienne : la Sexpol, dont les principes seront repris, dans les années 70, par quelques soixante-huitards nostalgiques, qui feront l’exégèse des délires reichiens dans un éphémère magazine, lui-même baptisé Sexpol.
Rapidement esquissée, c’est aussi la toile de fond du dernier roman de Christophe Fiat, Bienvenue à Sexpol, qui exploite justement à la manière d’un délire, les théories du maître. Le personnage s’étiole devant sa télévision qui diffuse en boucle les performances de Laure Sainclair, star du porno, afin de répandre dans l’atmosphère des bouffées d’orgone, la fameuse énergie sexuelle. Lorsqu’on quitte l’écran, on croise une femme clonée, un serial killer, un dealer, un homme-mouche qui serait bien le petit cousin de Cronenberg et un enquêteur bienveillant échappé d’Orange mécanique... Le héros rêve de Sexpol, cité idéale au milieu du désert, diffusant une éternelle lumière bleutée... Le meilleur des mondes.
Le roman se présente comme un bloc, sans chapitres, sans respirations, émaillé de passages en italiques qui sont autant de récits des rêves du personnage, mettant tous en scène les exceptionnelles qualités de Laure Sainclair. D’autres passages retranscrivent des morceaux d’émissions de Radiosexpol, propagande pour un monde idéal. Le récit tourne en boucle, lui aussi, alimenté par le délire du héros qui reprend comme une litanie les élucubrations reichiennes. Pris dans cette spirale de concepts mal assimilés et de convictions extravagantes, le héros finit par échapper à toute forme de réalité, pour se fondre dans l’illusion, comme une partie intégrante de cet univers, puisqu’on parle même de lui à la radio !
On sort étourdi de cette logorrhée, sceptique devant cette frénésie verbale. Le phénomène Sexpol valait qu’on s’y attarde et cette déconnexion progressive du réel en était une séduisante porte d’entrée. Mais à courir après la nostalgie, les héros se sont fatigués.
Christophe Fiat, Bienvenue à Sexpol, Ed. Léo Scheer, 2003, 197 pages, 15 €
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.