Le 18 juillet 2017
Une histoire générationnelle riche de son interprétation exclusivement féminine mais dont la trajectoire est déviée par un sujet traité de manière trop tortueuse.
- Réalisateur : Laura Schroeder
- Acteurs : Isabelle Huppert, Lolita Chammah, Thémis Pauwels
- Genre : Drame
- Nationalité : Belge, Luxembourgeois
- Distributeur : Alfama Films
- Durée : 1h50mn
- Date de sortie : 19 juillet 2017
- Festival : Festival de Berlin 2017
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Résumé : Après dix ans à l’étranger, Catherine retourne au Luxembourg afin de renouer avec sa fille Alba, élevée par la mère de Catherine, Elisabeth. Alba se montre froide et distante avec cette étrangère apparue inopinément dans sa vie. Quant à Elisabeth, elle n’a d’autre intention que de protéger sa petite-fille, et de tenir Catherine à l’écart. Un jour, Catherine n’y tient plus : contre l’avis de tous, elle décide d’emmener Alba en excursion, près d’un lac au nord du pays. Commence alors un voyage insolite, où la jeune femme devra comprendre à ses dépens que son plus grand adversaire est peut-être blotti au fond d’elle-même.
Notre avis : Malgré une carrière internationale, Isabelle Huppert se plaît à mettre son talent au service d’œuvres de jeunes cinéastes en devenir. C’est ainsi que pour ce deuxième long-métrage de la jeune réalisatrice luxembourgeoise Laura Schroeder, elle forme un duo mère-fille (comme elle l’avait déjà fait dans Copacabana) avec sa Lolita de fille dans la vraie vie, à qui elle laisse le rôle principal, celui de Catherine. Leurs relations sont cette fois plus tourmentées que dans le film de Marc Fitoussi. Ces apparitions, si courtes soient-elles, dopent d’une vraie densité l’ensemble de Barrage et en particulier ce personnage de grand-mère tantôt irritante, tantôt amusante, dans lequel elle se glisse tout naturellement. Si Lolita Chammah n’a pas encore atteint la puissance de jeu de sa génitrice, elle s’en sort plutôt bien. Car il en faut en trouver des nuances d’interprétation pour donner corps à cette jeune femme complexe et subversive qu’est Catherine. Son personnage est un peu marginale, et on sent qu’elle n’a jamais pu s’adapter à la réalité. Malgré ses attitudes enfantines, elle semble avoir vécu déjà plusieurs vies. Chammah nous convainc aisément des fêlures de cette mère inadaptée à la maternité. Convaincante, la représentante de la plus jeune génération de ce trio de femmes, la jeune Alba (Thémis Pawels) l’est aussi. Tiraillée entre les querelles de sa mère et sa grand-mère, elle apparaît finalement comme la plus mature des trois. La jeune comédienne passe instantanément et avec un égal bonheur de la révolte adolescente à l’innocence de l’enfance.
- Copyright Alfama Films
Pourtant, ces talents ne parviendront jamais à totalement exploser, noyés au sein d’une intrigue trop peu développée et au cheminement soporifique. Entre onirisme et contemplation, la narration ne nous livre jamais le moindre détail sur les raisons du spleen ambiant et des rancunes accumulées. Catherine semblait destinée à un bel avenir de tenniswoman. Pourquoi sa carrière s’est-elle brusquement arrêtée ? Quels événements ont pu conduire la mère et la fille à un tel degré d’incommunicabilité alors que l’on ne dénote aucune haine véritable entre elles ?
- Copyright Alfama Films
On se consolera avec la belle photographie d’Hélène Louvart qui magnifie la campagne luxembourgeoise au point d’en faire un personnage à part entière, capable de transmettre à la fois sérénité pastorale et oppression du huis-clos.
Il aurait été de bon aloi que les portes de ce Barrage s’ouvrent plus généreusement afin de permettre au spectateur d’accéder au cœur d’une histoire qui, faute d’arguments narratifs, finit par le laisser au bord de la route.
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