Le 30 janvier 2014
Bad Milo ! constitue une comédie horrifique sans prétention qui dépasse allègrement le stade de film à blagues “prout prout”.
- Réalisateur : Jacob Vaughan
- Acteurs : Peter Stormare, Mary Kay Place, Patrick Warburton, Ken Marino
- Genre : Comédie horrifique
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h25mn
- Plus d'informations : Fiche IMDB
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– Film présenté au festival de Sitges en 2013
Bad Milo ! constitue une comédie horrifique sans prétention qui dépasse allègrement le stade de film à blagues “prout prout”.
L’argument : Duncan est loin d’être heureux entre un boulot qui l’ennuie et une famille qui le brime. Sa vie tourne carrément au cauchemar lorsqu’il est pris de douleurs intestinales aigües. Il s’avère bientôt qu’une bestiole immonde et ultra-violente est à l’origine de ses maux...
Notre avis : Réalisé en 2013, Bad Milo ! constitue une comédie horrifique qui n’est pas sans rappeler certains fleurons du genre des années 80, tels que les délirants Basket case (1982) et Elmer le remue-méninges (1987) de Franck Henenlotter.
Premier film de l’américain Jacob Vaughan, Bad Milo ! part d’un pitch complètement improbable avec cet homme, Duncan, qui a bien du mal à s’en sortir entre un travail qui ne l’intéresse pas et une famille qui l’étouffe. Résultat : Duncan est stressé et souffre de douleurs intestinales qui se matérialisent lors de violentes crises par un petit monstre qui sort... de son anus !
Le petit être en latex se révèle parfois gentil, avec ses gros yeux noirs, mais souvent méchant, puisqu’il tue les personnes qu’il croise sur son chemin, libérant ainsi le stress de son hôte.
Bon, il ne faut pas s’y tromper, même si certaines scènes du film sont gore, Bad milo ! est avant tout une comédie. Le ton est volontairement drôle. Les malheurs rencontrés par le personnage principal nous sont narrés de façon très amusante. Certes, le long-métrage n’évite pas les blagues scatologiques mais tout cela se passe dans une ambiance amusante qui évite de faire dans le graveleux.
Au niveau comique, on peut également noter les tentatives du héros qui, pour s’en sortir, a recours à un psychiatre. Or, ce dernier s’avère être un sacré loulou, pratiquant l’hypnose pour voir ce qui ne va pas. Il y a aussi les raisons qui ont amené le père de Duncan à abandonner sa famille qui sont aussi abracadabrantesques que le reste du scénario.
Avec son ton léger, voire carrément pas fin par instants, Bad milo ! peut en surface donner l’impression d’être un film sans fond. Loin s’en faut. Si l’on s’y attarde quelques instants, on peut constater que plusieurs des thématiques du film sont révélatrices de notre société actuelle. Il est bien connu que les gens sont de plus en plus stressés. Duncan est donc bien un personnage représentatif de notre monde. Le monstre qu’il a à l’intérieur de lui peut même être vu comme une métaphore de sa frustration.
Bad milo ! traite par ailleurs de sujets très sérieux comme celui de la paternité. Lors d’une séance d’hypnose, Duncan déclare que sa femme Sarah souhaite des enfants mais qu’il ne sait pas s’il ferait un bon père. Il veut attendre pour en avoir. Peur du futur, peur de s’engager à fonder une famille, là encore, Duncan est bien un homme de notre temps. Le film développe une intéressante relation filiale lorsque le héros revoit son père et qu’il finit par accepter Milo, un peu comme si celui-ci était son propre enfant.
L’intérêt de Bad milo ! ne s’arrête pas là. Le film n’y va pas de main morte pour critiquer le monde du travail, et notamment le capitalisme. Le patron de Duncan est une véritable ordure qui ne lui laisse pas vraiment le choix : soit il accepte de travailler aux ressources humaines en s’occupant des licenciements (alors qu’il était jusque-là comptable !) soit il est congédié. Les propos du patron sont à cet égard d’une finesse remarquable (surtout quand on connaît le problème que rencontre Duncan) : Pour survivre il faut chier sur ses ennemis sinon c’est vous qui finissez dans la merde.
Les arnaques qui ont lieu au sein de la compagnie ne sont d’ailleurs pas sans rappeler les scandales des pensions américaines du type Enron.
Après avoir vu Bad milo !, on comprend que le métrage est bien plus qu’un ersatz d’un film de la Troma (Toxic avenger et consorts) ou d’une simple comédie horrifique trash. On est en fin de compte assez proche d’un film récent, Teeth, qui partait lui aussi d’une idée originale avec une jeune fille dotée d’un vagin denté, qui symbolisait le puritanisme des Américains. Bad milo ! exprime la frustration d’un homme qui n’attend qu’une chose : libérer son stress et vivre en harmonie avec les siens. Comme le dit le principal protagoniste à la fin du film : Quels que soient les problèmes qui surgissent, nous nous en sortirons ensemble. Le propos, résolument optimiste, s’oppose clairement à l’individualisme du patron.
Outre le scénario amusant et les thèmes du film, il convient d’évoquer la distribution. Si plusieurs des acteurs principaux sont généralement cantonnés à la série télé, on pourra constater la prestation excellente de Ken Marino (Will et Grace, Veronica Mars) dans le rôle principal ou encore celle de Peter Stormare (Prison break), absolument hilarant dans le rôle du psy déjanté.
Au final, mélangeant avec une réussite certaine critique sociale, humour et horreur, Bad milo ! est une curiosité qui mérite que l’on s’y attarde. Avis aux amateurs.
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