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Le 15 avril 2012
Les débuts au cinéma d’Aldo Fabrizi dans une savoureuse comédie pré-néoréaliste où on sent aussi la patte du jeune Fellini.
- Réalisateur : Mario Bonnard
- Acteurs : Aldo Fabrizi, Andrea Checchi, Adriana Benetti, Virgilio Riento, Pina Gallini
- Genre : Comédie
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h31mn
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Les débuts au cinéma d’Aldo Fabrizi dans une savoureuse comédie pré-néoréaliste où on sent aussi la patte du jeune Fellini.
L’argument : Rosella, une jeune servante, se fait voler 500 lires dans l’autobus. Elle n’a pas le courage de rentrer seule chez son acariâtre patronne et le contrôleur, Cesare, l’accompagne. Elle est néanmoins renvoyée sans ménagement et se retrouve à la rue. Cesare la prend sous sa protection et l’aide à trouver un nouveau poste. Mais c’est du conducteur de l’autobus, Bruno, que la jeune fille va tomber amoureuse.
Notre avis : Devenu en quelques années très populaire grâce à ses caricatures de types romains, Aldo Fabrizi (1905-1990) avait fondé en 1937 sa propre compagnie théâtrale et entamait avec Avanti c’è posto ! (Avancez, il y a de la place !) une carrière cinématographique qui allait s’avérer extrêmement longue et prolifique. Il y reprenait un personnage, le bigliettaio du filobus, qui avait fait ses preuves sur scène et cosignait le scénario du film avec Piero Tellini, Cesare Zavattini et un certain Federico qui n’était autre que le tout jeune Fellini.
- Vinicio Sofia - Avanti, c’è posto ! (1942)
- Adriana Benetti - Avanti, c’è posto ! (1942)
Celui-ci était déjà célèbre pour ses vignettes, caricatures et historiettes (les Storie di Federico) publiées dans le journal satyrique Marc’Aurelio ainsi que pour son intense activité d’auteur radiophonique. Mais il avait aussi collaboré aux spectacles de Fabrizi en qualité de fournisseur de battute (répliques) et commencé à travailler pour le cinéma en tant que gagman des comédies d’Erminio Macario).
Le sens de la caricature fellinienne, à la fois acerbe et affectueuse, est bien présent dans Avanti c’è posto qui aligne une savoureuse galerie de personnages secondaires merveilleusement croqués dont on détachera, outre l’ensemble des passagers du bus dans l’irrésistible scène initiale, un portier d’hôtel à l’exaspérant sourire figé (Vinicio Sofia) ou une monstrueuse mégère (Pina Gallini).
Cette vigueur comique, alliée à un appréciable souci d’exactitude documentaire pré-néoréaliste, permet au film de dépasser le folklore romain légèrement désuet (même à l’époque) et le sentimentalisme bien dosé qui ont certainement contribué à son succès et continuent de participer de son charme.
- Aldo Fabrizzi - Avanti, c’è posto ! (1942)
Une note grave est apportée par le contexte de la guerre qui n’est pas simplement esquissé en arrière fond mais souvent évoqué dans les dialogues (tout ce qu’on pouvait faire avant et dont il faut désormais se priver) et c’est le départ du conducteur pour le front qui précipitera un dénouement à la coloration mélancolique. On notera que toute trace de rhétorique patriotique est absente et que même le salut romain qu’exécute à un moment le personnage de Fabrizi est de pure formalité. (On s’étonne même que la censure ait laissé passer ça.)
La mise en scène du solide Bonnard* est discrète et efficace. Adriana Benetti est très jolie et parfaitement émouvante. L’élégance naturelle et la sobriété du jeu de Checchi lui permettent de tenir tête sans effort visible à ses envahissants partenaires. Quant aux duos-duels entre Fabrizi et Virgilio Riento (le contrôleur en chef dirigeant aussi l’orchestre amateur de la brigade) ils sont proprement inénarrables.
Bref, on aurait tort d’hésiter à prendre son billet : Avanti !
- Adriana Benetti, Aldo Fabrizi, Pina Galli - Avanti, c’è posto !
- Andrea Checchi, Adriana Benetti, Aldo Fabrizi - Avanti, c’è posto ! (1942)
* Bonnard (1889 - 1965) fut un Divo du muet dont s’inspirera le comique Petrolini pour son personnage de Gastone, l’homme du monde en frac éternellement blasé. Sa carrière de metteur en scène, de 1916 à 1961, entre Rome, Berlin et Paris, est extrêmement fournie et comprend environ 85 titres. Dans son avant-dernier film, juste retour des choses, Alberto Sordi reprenait le personnage petrolinien de Gastone.
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