Le 29 avril 2014
Un film d’action indien inégal mais qui a le mérite de s’attaquer avec vigueur à la prostitution infantile.
- Réalisateur : Balaji K. Kumar
- Acteurs : Pooja Umashankar, Vinoth Kishan
- Genre : Action, Thriller
- Nationalité : Indien
- Durée : 2h08mn
- Titre original : Vidyum Mun
- Date de sortie : 30 avril 2014
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Un film d’action indien inégal mais qui a le mérite de s’attaquer avec vigueur à la prostitution infantile.
L’argument : Une nuit, une femme et une enfant s’enfuient, pourchassées par quatre hommes prêts à tout pour les retrouver. Qui sont-elles ? Qui sont leurs assaillants ? Quel sombre secret les relient ?
Notre avis : Le cinéma indien est beaucoup plus diversifié qu’il n’y paraît. Il y a certes des gros blockbusters qui sortent chaque année de Bollywood mais ils ne constituent pas l’intégralité de la production cinématographique locale. En effet, Bollywood représente uniquement le cinéma du nord de l’Inde.
Au sud, on a ainsi Kollywood avec un cinéma en langue tamoule. Avant l’aube fait partie de cette production du sud de l’Inde. Ici, on est loin du cliché généralement attaché à ce cinéma traitant d’un amour impossible sur fond de musique entraînante. Avant l’aube suit effectivement le parcours de deux personnages, à savoir une jeune prostituée, Rekha, et une petite fille de douze ans, Nandhini, qui a été entraînée dans une sordide histoire. Ensemble, elles tentent d’échapper à des hommes qui sont à leurs trousses.
Ce long-métrage nous plonge au cœur de la prostitution infantile. Il s’attaque efficacement à ce fléau. Les dialogues du film se révèlent incisifs sur le sujet, par exemple quand Rekha déclare à propos de Nandhini : “Ce n’est pas une fille. C’est une enfant” ou quand l’amie de Rekha indique que : “Tant de choses changent mais ces maquereaux ne changeront jamais.” Surtout, Avant l’aube comprend plusieurs scènes marquantes qui resteront longtemps gravées dans l’esprit du spectateur. On n’oubliera pas de sitôt la découverte de l’endroit où sont gardées les jeunes filles ; la scène où Rekha et Nandhini sont dans l’antre du pédophile et surtout cette séquence finale où le fils du pédophile se rappelle les agissements de son père durant son enfance. Rien de tel pour marquer les esprits.
Ces scènes sont d’autant plus prenantes qu’elles bénéficient d’une excellente distribution avec en premier chef une mention spéciale qui pourrait être donnée aux deux héroïnes qui ne surjouent jamais. Elles sont bien dans leur rôle, tant l’actrice Pooja Umashankar en Rekha que la jeune Malavika Manikuttan, étonnante de professionnalisme dans un rôle difficile pour son âge. Du côté du casting masculin, l’acteur Vinoth Kishan, dans le rôle du fils du pédophile, dégage un vrai charisme avec son regard noir et mystérieux faisant froid dans le dos. Seule ombre à ce tableau, l’acteur R. Amarendran qui interprète de manière trop excessive un maquereau.
L’engagement social d’Avant l’aube et sa très bonne distribution ne suffisent toutefois pas à faire oublier ses défauts. S’il n’atteint pas une durée de 3 heures, que l’on retrouve souvent dans les films indiens, le film fait tout de même plus de 2 heures. Et pendant ce laps de temps, il tend par moments à tourner en rond. Il y a bien une chasse à l’homme qui a lieu puisque le maquereau ne dispose que de 24 heures pour retrouver Rekha. Pour autant, cette quête est loin d’être passionnante. Il ne se passe pas grand chose, le réalisateur donnant par instants le sentiment qu’il meuble plus qu’autre chose. Surtout, on se doute bien qu’il finira par y avoir une confrontation entre les deux jeunes femmes et les personnes lancées à leur poursuite. Tout cela est assez convenu et donne l’impression d’avoir déjà été vu mille fois auparavant.
L’autre défaut principal du film tient à sa mise en scène. En effet, le réalisateur n’évite pas certaines scories qui ne sont pas justifiées. Balaji K. Kumar a débuté sa carrière dans des agences de publicité et on se demande si cela ne l’a pas influencé dans son utilisation d’effets de style clippesques. A plusieurs reprises, on a droit à des accélérés et surtout à des ralentis qui desservent Avant l’aube en limitant l’impact dramatique de certaines scènes. Le réalisateur a trop fait dans l’esbroufe en voulant en mettre plein la vue au spectateur. De surcroît, le montage du film ne paraît pas toujours cohérent et donne l’impression d’avoir été effectué à l’emporte-pièce.
Au final, Avant l’aube laisse le spectateur sur une impression mitigée. D’un côté une thématique nécessaire, celui de la prostitution infantile en Inde qui est bien exploitée, de l’autre un film d’action conventionnel desservi par une mise en scène trop clippesque. Ce long métrage n’en demeure pas moins une oeuvre sincère qui mérite d’être découverte.
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