Saisons 1 & 2 - sans spoilers
Le 5 mai 2020
Adam Price, le créateur de Borgen, a imaginé une série moderne et réaliste sur la manière de trouver sa place dans la vie, accepter ses erreurs et sur les enjeux de la spiritualité dans la démocratie danoise contemporaine. Les deux saisons dépeignent une famille en proie à des choix de vie, des crises existentielles ou aux épreuves de la vie. Magistral.
- Acteurs : Ann Eleonora Jorgensen, Lars Mikkelsen, Silon Sears
- Genre : Drame, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Danois
- : Arte
- Durée : 2 saisons de 10 épisodes
- VOD : Arte VOD
- Date télé : 14 mai 2020 21:00
- Chaîne : Arte
- Reprise: 14 mai 2020
- Titre original : Herrens Veje
- Date de sortie : 2 mai 2020
- Plus d'informations : A retrouver sur Arte
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Résumé : Johannes est le chef de la famille Krogh, où l’on est pasteur de père en fils. Lui-même dévoré entre son ambition dans la foi et ses propres démons, il ne tolère pas l’échec. Autoritaire, il impose ses décisions à sa femme, Elisabeth et ses enfants, Christian et August. Jusqu’où peut-on tolérer une telle pression ?
Critique : Les psychanalystes tiennent là un sujet d’étude fictionnel brillant : comment se confondent la figure du père de famille et celle du Père pasteur dans une société moderne ? Dans cette série, il est avant tout question de la famille : Christian et August, les deux fils de Johannes, se sont construits par rapport à la figure paternelle. L’aîné rejette la religion que son géniteur veut lui imposer, cherchant un sens à sa vie, jusqu’à la fuite. August, son cadet, est quant à lui devenu pasteur, s’assurant ainsi la fierté familiale et la pression qui en découle. Elisabeth, leur mère, ferme les yeux sur l’autoritarisme et les tromperies de son mari, jusqu’au jour où l’accumulation devient trop forte.
La force de la série tient avant tout dans la figure charismatique de Lars Mikkelsen. Son jeu mesuré et subtil traduit la justesse du personnage, tantôt terrifiant, tantôt touchant. Lui-même, acculé à son perfectionnisme apparent, ne peut supporter la contradiction, le rejet, sous peine de renoncer à son accomplissement dans la foi. S’il perd le contrôle de lui-même, c’est pour mieux assumer sa fonction de pasteur qui lui apporte la reconnaissance et l’amour dont il a besoin. Il ne peut s’épanouir qu’à travers un rôle de guide, sans vouloir comprendre que son aide ne peut s’imposer aux autres. Elle doit être demandée. La première saison décrit cette tension pour tous les personnages, qui évolue en fonction de Johannes. Malgré tout, ceux-ci cherchent à trouver la voie qui les définit eux-mêmes.
La deuxième saison est celle de la prise de conscience, lorsque le point central de la vie des personnages n’est plus Johannes, mais l’explosion du cadre familial, à travers la naissance et la mort. Un deuil remet tout en cause. Le traumatisme ne pourra être surmonté qu’avec les propres armes de chacun et leur horizon doit s’élargir : nouvelle spiritualité, nouveau cercle familial.
La peur, élément prégnant de la saison 1, est désormais vaincue, car le pire est arrivé. Cette deuxième saison est marquée par un réalisme qui touche le spectateur en plein cœur. De nouveau, le casting se fond dans la justesse de l’écriture. Malgré une mise en scène parfois discutable, notamment dans les moments les plus oniriques, la réalisation magistrale s’accorde avec la profondeur des protagonistes. La série raconte une histoire de famille sans laisser la place à la caricature.
Au nom du père ne fait pas l’impasse sur les problèmes actuels liés à la religion : l’acceptation de l’homosexualité, le féminisme, le rôle de l’Islam et l’attrait pour le développement personnel. La religion serait-elle devenue un produit marketing comme les autres ? Quelle place pour la science, la psychologie ou la philosophie ? En abordant tous ces sujets sans clichés, la série se distingue, certes par sa justesse mais aussi par son exhaustivité, en ne sacralisant pas son sujet, plutôt en le questionnant. Peu importe la composition de la famille, de l’institution religieuse ou de la société laïque, tant que chacun y trouve sa place. La noirceur de la série est contrebalancée par cette idée : les épreuves de la vie nous déterminent, à nous de trouver les refuges qui nous semblent adaptés pour continuer notre chemin.
Au nom du père dresse le tableau des voies possibles à emprunter, à travers des personnages forts dont les chemins s’entremêlent. Une fresque magistrale sur les valeurs de la société actuelle.
Série crée par Adam Price
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