Le 9 novembre 2021
D’une grande délicatesse, le film de Romain Baudéan donne à un drame intime les dimensions d’un récit universel.
- Réalisateur : Romain Baudéan
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Saint-André des Arts
- Durée : 1h14mn
- Date de sortie : 13 octobre 2021
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Résumé : Des années après le suicide de ma grand-mère bipolaire, je découvre son récit autobiographique dans lequel elle raconte son expérience de la maladie mentale, ses désillusions sentimentales et sa profonde solitude. En quête de vérité, je décide de confronter son témoignage aux films de famille tournés par mon grand-père et aux souvenirs de ses proches. Réaliser ce film, c’est faire entendre sa voix, c’est tenter d’ordonner le chaos de son existence tragique, c’est libérer la parole et mettre fin au silence pour continuer à vivre.
Critique : L’universel au-delà de l’intime : c’est dans l’évidence de cette double articulation que s’inscrivent les œuvres mémorables et Au dos de nos images en fait partie. Du portrait à tiroirs que Romain Baudéan esquisse à partir de souvenirs silencieux saisis en 8 mm, émerge l’itinéraire d’une épouse dominée par le patriarcat, mais suffisamment lucide et talentueuse pour donner une consistance littéraire à son existence, par le biais d’un récit autobiographique.
"Badé" devient la figure d’une époque qui assignait un destin aux femmes. Toutefois, elle conserve la singularité d’un regard, perceptible dans chacune des phrases qu’elle a rédigées, résistant à toute assignation et offrant un nouveau baptême à une identité confisquée. "Fleur de sel" éclot dans un univers reconfiguré par les phrases, bien loin d’une quotidienneté aliénante.
Pourtant, le drame personnel connaît une mutation, comme si la conscience aigüe de la tragédie se prolongeait dans une pathologie dévorante et implacable, tandis que le film évoque l’indignité des traitements psychiatriques, à travers les témoignages souvent émus des proches.
L’hommage rendu à cette femme prend la forme d’une œuvre feutrée, délicate. Le passé dialogue avec les mots de ceux qui se souviennent. Peu à peu, un fil invisible se tend par-delà les générations. Les motifs de la mémoire, du souvenir, de la transmission trouvent ici une illustration d’autant plus poignante qu’elle n’a rien de démonstratif.
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