Le chant de la terre
Le 25 juillet 2007
Ciné-poésie pour un pays, l’Arménie


- Réalisateur : Artavazd Pelechian
- Genre : Documentaire, Expérimental
- Nationalité : Arménien

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– Durée totale : 1h44mn
Ciné-poésie pour un pays, l’Arménie
L’argument : Trois films d’Artavazd Pelechian ressortent dans un même programme. La terre, le passage du temps et le ciel y composent une déchirante harmonie de cinéma.
Notre avis : L’année de l’Arménie aura permis la résurgence d’un cinéaste précieux, Artavazd Pelechian, poète plus que conteur. Ce porte-drapeau d’une nation marquée au sceau de la diaspora livre trois moyens métrages d’une rare beauté, Nous (1969), Les saisons (1972) et Notre siècle (1982), qui exploitent la richesse sémantique du montage et ses propriétés émotionnelles.
C’est un chant de la terre en noir et blanc, une ode étrange à un cinéma hérité d’Eisenstein et de l’école russe. La mise en regard d’images d’archives de 1946 à 1950, de la vie quotidienne avec les visages d’hommes et de femmes, additionne ainsi des segments géographiques et humains pour composer le cœur d’une nation. Il faut bien parler de patriotisme lorsque l’on voit ce triple programme sur nos écrans.
Car le cinéma semble retisser un lien identitaire entre un peuple et ses symboles. Les plans de bergers à flanc de montagne renvoient au Mont Ararat, icône de l’Arménie ; le séisme du montage, ses fractures aux blessures du génocide.
Reste une question en suspens, celle de la pérennité de ce cinéma élémentaire. En basant sa grammaire cinématographique sur les liens premiers entre l’art et des composantes concepts (la terre, base de la philosophie tellurique heideggérienne, le temps, etc.), il ignore la partition entre fiction et documentaire et initie un courant de poésie de cinéma à la Char.