Le 3 avril 2022
Souvent ennuyeux, trop long, le long-métrage de la réalisatrice Yukido Sode ne rajoute rien à ce que nous savons déjà en matière de déterminisme socio-culturel dans les sociétés du monde.
- Réalisateur : Yukiko Sode
- Acteurs : Kiko Mizuhara, Mugi Kadowaki, Kengo Kora, Kei Ishibashi
- Genre : Drame
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Art House Films
- Durée : 2h05mn
- Date télé : 9 octobre 2023 21:00
- Chaîne : OCS Pulp
- Titre original : Anoko wa kizoku
- Date de sortie : 30 mars 2022
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– Année de production : 2020
Résumé : À presque trente ans, Hanako est toujours célibataire, ce qui déplait à sa famille, riche et traditionnelle. Quand elle croit avoir enfin trouvé l’homme de sa vie, elle réalise qu’il entretient déjà une relation ambiguë avec Miki, une hôtesse récemment installée à Tokyo pour ses études. Malgré le monde qui les sépare, les deux femmes vont devoir faire connaissance.
Critique : On n’avait pas filmé Tokyo depuis longtemps de cette manière. La ville est magnifique avec ses tours vitrées, ses bâtiments anachroniques et ses restaurants qui colorent la devanture des immeubles. Aristocrats est d’abord un film en hommage à la capitale japonaise qui trouve dans la façon d’être regardée, son pendant asiatique d’un certain Almodóvar dans son lien si affectueux à Madrid. Mais tout l’intérêt du film s’arrête là. Deux mondes sociaux s’opposent : les bourgeois et les aristocrates qui possèdent les capitaux, et les classes populaires qui doivent lutter pour trouver leur place dans la société. Cette radicalité du point de vue s’invite à travers le portrait de deux jeunes femmes : d’un côté Hanako dont la famille se désespère de son célibat, et de l’autre, Miki, qui renonce aux études universitaires en devenant hôtesse dans un bar. Elles finissent par se rencontrer grâce à un homme qui va épouser la première et fréquente la deuxième dans le bar.
- Copyright Art House
Le portrait des deux femmes emprunte un ton résolument romanesque. Elles sont incarnées par deux comédiennes absolument sensibles, tout l’opposé en fait d’un scénario qui se veut didactique et binaire. On peine d’ailleurs à percevoir si la réalisatrice critique ce système social qui n’est que reproduction de traditions et de déterminismes socio-culturels. L’affirmation du style romanesque contraint la cinéaste à ne pas se positionner pour ou contre cette société japonaise. Yukiko Sode par contre ne se tait pas quand il s’agit de discrimination féminine et de domination de l’homme sur la femme, réduite à subir son destin. En ce sens, Aristocrats se transforme en un long-métrage féministe au service d’un projet de deux femmes qui doivent recouvrir leur dignité et c’est ce qui en fait d’ailleurs l’intérêt principal. Hélas, le jeu des actrices s’épuise dans des confusions, des lenteurs du scénario, et des quiproquos parfois à la limite de l’invraisemblance.
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On se demande pourquoi un grand nombre de scènes n’ont pas été coupées. En effet, la longueur du propos provoque un effet démonstratif sur le film et dessert totalement la dénonciation par la réalisatrice du modèle patriarcal de la société japonaise. Le spectateur finit par perdre le fil de ce récit complexe et tortueux. Même les scènes de déjeuner pourtant si appétissantes dans le cinéma asiatique finissent par lasser. Pire, les personnages eux-mêmes ne parviennent plus à provoquer l’empathie chez le spectateur, tant les dialogues interminables délayent leurs principaux attraits.
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Si l’affiche reprend un extrait de critique par laquelle ce film serait l’un des plus importants de l’année, on aurait, pour notre part, tendance à regretter au contraire un projet cinématographique qui aurait gagné en beauté avec plus de nuance. On ne finit par voir de ce long-métrage qu’un archétype binaire d’une société discriminante.
ARISTOCRATS from Hanabi on Vimeo.
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