Vie privée, vie publique
Le 18 juin 2019
Un film très calme, sans intrigue particulière, où le silence et l’apparente passivité de l’héroïne sont présentés comme une puissante source de résistance.
- Réalisateur : Zsófia Szilágyi
- Acteurs : Zsófia Szamosi, Leo Füredi, Ambrus Barcza
- Genre : Drame
- Nationalité : Hongrois
- Distributeur : Damned Distribution
- Durée : 1h38mn
- Titre original : Egy Nap (One Day)
- Date de sortie : 19 juin 2019
- Festival : Festival de Cannes 2019
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Résumé : Anna a la quarantaine, trois enfants, un mari, un emploi et quelques soucis financiers. Elle passe son temps à courir, entre le travail, la maison et les enfants. Elle aime son mari, mais elle sent qu’elle est en train de le perdre. Submergée par le rythme frénétique de ses journées, elle se retrouve dans cette période fragile, où l’on ne sait comment changer, où l’on réalise qu’il y a des choses que l’on ne pourra pas recommencer. Anna arrivera-t-elle à sauver ce qui est précieux et unique dans sa vie ?
Notre avis : Anna est une femme tout à fait comme il faut : elle a un emploi, un mari, trois enfants, un logement, tout ce dont une famille peut rêver. Mais cette famille a des soucis personnels et financiers qui menacent son équilibre. Mère et épouse dévouée, Anna ne se défile pas et se bat pour préserver son foyer. Verrions-nous ici un mélo familial larmoyant comme ceux de Hollywood ? C’est exactement l’inverse.
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Dès les premières minutes, le ton est donné : Anna souffre, car son mari la trompe. L’aîné et la benjamine sont turbulents et la santé du petit dernier n’est pas au beau fixe en ce moment. Pourtant, Anna se tait, prend sur elle et, sans courber l’échine, répète inlassablement les mêmes rituels tout au long de la journée : lever les enfants, les faire manger, les emmener à l’école, aller travailler, récupérer les enfants, etc… sans compter qu’elle doit aussi gérer ses « problèmes d’adultes ».
Ainsi, le premier long-métrage de Zsófia Szilágyi est la chronique immobile, et cependant toujours en mouvement, de la journée d’une mère. Les mouvements de caméra, comme le montage, sont présents mais très discrets, composant harmonieusement avec les plans fixes.
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Pas d’intrigue sophistiquée. Les conflits intrinsèques, individuels et intrafamiliaux portent en eux tous les enjeux du récit.
Aucun cri, aucune colère, ni bagarre. Si Anna a toutes les raisons d’exploser, elle encaisse, enfouissant sa fatigue et sa douleur comme une cocotte-minute emprisonne la vapeur. Presque comme si de rien n’était, elle vit sa vie, silencieusement, sans se révolter ni partir. Une nonchalance exténuante, qui prouve que la passivité (qui n’est pas l’indifférence) est une forme de résistance.
Si l’unité de temps resserre l’espace dramaturgique autour de son héroïne, et si la tension se fait sentir tout au long du film, la dimension ordinaire et quotidienne des situations lassera sans doute certains spectateurs. Mais la mise en scène, sobre et maîtrisée, la justesse du propos et la pertinence du point de vue font d’Anna, un jour un film touchant.
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