Animal Kingdom saison 2 – la critique (sans spoiler)

Notre avis : Une année s’est écoulée mais on se souvient encore clairement du dernier plan de la saison 1 d’Animal Kingdom, avec sa symbolique limpide et inquiétante qui avait confirmé la capacité du show de se travestir en objet cool pour mieux y dépeindre une réalité sinueuse et dérangeante. Au lieu d’offrir une continuité à cette ambivalence, la reprise de la série propose un rapide coup de frein par l’estompe de la noirceur qui avait progressivement gagné l’atmosphère californienne, comme pour s’affranchir lâchement des attentes qu’elle avait suscitées. La prise en compte des événements de la saison 1 se résume à du factuel mais oublie le plus important, à savoir ce que ces faits ont engendré chez chacun des personnages. Seule subsiste la rébellion des fils envers leur mère, fil rouge de ces nouveaux épisodes à l’amorce peu intéressante tant ils refusent de décoller, préférant se reposer sur l’introduction de nouveaux éléments sans aucun rapport avec les segments précédents, dévoilant une facilité de la part des scénaristes à créer à partir de rien et indépendamment du reste. Une mise en place laborieuse de nouvelles intrigues prépare le terrain pour quelques excellents moments dont le braquage du cinquième épisode (Animal Kingdom brille toujours autant dans ce registre de séquences), et surtout les derniers épisodes. A la manière de la première saison finalement, l’aboutissement atteint par la conclusion de cette seconde partie rehausse la qualité de l’ensemble

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L’ennui est que les premiers épisodes avaient su générer une ambivalence entre le cool et la perversion de ce cool, là où la seconde saison tend à aseptiser son contenu pour mieux se formater dans un moule plus standard, avec des intrigues et des personnages inintéressants tirant la série vers le bas. La place de Nicky dans cette seconde saison reste une énigme, tant elle bride les épisodes avec son comportement attardé sans aucune nuance (elle aurait bien complété le quatuor de poufs de Spring Breakers), mais s’avère révélatrice du problème d’Animal Kingdom à trop tergiverser avec des « romances » nous important autant que le décès d’une mouche empalée sur un cactus dans le désert des Mojaves. Le résultat frustre énormément car l’on en conclut que cette saison avec 3 épisodes de plus que la première ne profite aucunement de sa plus longue durée pour gagner en complexité. L’écriture de chaque personnage convainc, mais ne stupéfait pas quand la saison 1 connaissait quelques belles fulgurances concernant le rôle de Pope tout particulièrement. En s’évertuant à le normaliser, la série TNT estompe quasiment toute l’ambiguïté d’un protagoniste passionnant et interprété à la perfection par Shawn Hatosy, qui doit ici se débrouiller avec une love story pas tellement trépidante et un attachement avec sa nièce heureusement bien plus significatif vis-à-vis du personnage, de son mal être et de sa culpabilité.

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Dans ce mix un peu feignasse d’intrigues en tout genre, on en oublierait presque la réduction de la place de J, quittant son statut de personnage principal pour finir à la même place que ses cousins, et donc victime de l’éparpillement du scénario. Clairement moins passionnant et trop passif sur la durée de la saison, Finn Cole vient cependant donner une épaisseur à son protagoniste bien plus manipulateur qu’il ne le laisse transparaître. Son statut d’observateur réfléchi ne demande qu’à exploser dans une prochaine saison, en espérant que la deuxième ne soit que la transition vers quelque chose de plus intense et moins lâche. Le final, lui, se mouille déjà un peu plus, pas seulement pour sa scène majeure finale, mais pour son ambiance définitivement orientée vers ce qui plaisait et marchait tant sur la première saison. Un sentiment d’ultimatum pèse sur les épaules de tous les personnages, la famille n’a désormais de famille que le nom, chacun part de son côté pour un conflit majeur semblant inévitable. Il nécessiterait à Animal Kingdom une sacrée pirouette scénaristique pour se défiler une seconde fois, ce qui lui serait fatal. On croise les doigts pour que ce ne soit pas le cas.

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