Ana (Real women have curves)

Une jeune Latino-Américaine trace son chemin : chaud, tendre et épicé.

L’argument : Élève douée et encouragée par un professeur qui met beaucoup d’espoir en elle, Ana vient de terminer ses études au lycée. Alors que l’avenir incarné par Columbia semble lui sourire, la jeune fille refuse pourtant de s’inscrire à l’université. Elle sait le désir obsessionnel de sa mère de la voir subvenir aux besoins de la famille. Sous la pression maternelle et malgré son ambition personnelle, Ana se retrouve tout l’été au repassage dans l’entreprise de confection textile de sa sœur. Partagée entre ses rêves de jeune Américaine et la fidélité à ses racines mexicaines, la jeune femme essaye de trouver sa voie.

Notre avis : Pour sa première réalisation, Patricia Cardoso se voit proposer un scénario des plus alléchants : l’adaptation d’une pièce de théâtre au succès surprenant, inspirée d’une histoire vraie et proposée par la prolifique et talentueuse chaîne HBO (qui a produit entre autres Elephant et des séries décalées à succès, comme Sex and the city ou Oz). L’histoire d’une jeune fille qui essaye de construire sa vie de femme dans un cadre spécifique, celui d’une "minorité" : la communauté latino-américaine. À travers le quotidien de cette famille mexicaine, sont posés les habituels problèmes de l’intégration : la génération des parents immigrés a choisi de le faire par le travail ; la première génération latino-américaine, leurs enfants, par la culture. Ana est à un carrefour culturel. La jeune femme se fait également l’écho d’un autre phénomène de société important aux Etats-Unis : l’obésité. Ana est ronde et doit se faire accepter dans un pays où la minceur est un véritable diktat.
Dans la construction d’identité d’Ana, le duo mère-fille s’impose, drôle, attachant et rude à la fois, et pose la question de l’héritage, génétique ou culturel. En travaillant dans l’entreprise familiale, Ana apprend à intégrer ses origines latinos : elle découvre la vie de sa mère, un univers de femmes, fait de confidences, de potins, de petites jalousies, tout cela dans une grande tendresse et une belle amitié. À l’instar de sa propre famille : véritable matriarcat, où les relations sont faites de mauvaise foi, de chantage affectif, de conflits passionnés et en même temps de chaleur, de couleur et d’un amour sans limites. Le tempérament de feu latino. À travers cet été de travail à l’usine, Ana trouve son identité et trace son chemin. Elle apprend notamment à aimer ce corps qui la révèle à la sensualité et à l’amour. Et puis il y a son avenir : celui d’une jeune fille moderne et cultivée, qui prend sa destinée en main. En évitant les clichés du genre, Patricia Cardoso réalise un film chaud et tendre, épicé comme il faut, à l’image d’Ana et de sa famille bigarrée.

Coup d’œil : Après le succès populaire de la pièce, ce film a reçu le Prix du public au Festival de San Sebastian, ainsi que le Prix du public et le Prix spécial du jury pour ses deux actrices principales au Festival du film de Sundance.