Le masque et la plume
Le 1er décembre 2008
Claude Chabrol acteur cabotine en roue libre dans cette fantaisie manquée, prototype d’un certain cinéma d’auteur des années 80.


- Réalisateur : Pierre Zucca
- Acteurs : Jean-Paul Roussillon, Fabrice Luchini, Micheline Presle, Claude Chabrol, Valérie Allain
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : UGC Distribution
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h38mn
- Date de sortie : 27 avril 1988

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– Bergamo Film Meeting 1988 : Bronze Rosa Camuna
L’argument : Un vieil homme faussement cardiaque persuade l’aide-soignante de sa maison de retraite de l’héberger à domicile. La jeune femme et son mari cohabitent avec le retraité, heureux d’être le témoin d’un bonheur conjugal. Il leur promet l’héritage. Mais notre homme est un escroc...
Notre avis : Ancien photographe de plateau de Truffaut, Rivette et Chabrol, Pierre Zucca fait partie de ces cinéastes décalés des années 80, de Jean-Claude Biette à Jacques Davila, en passant par Jean Marbœuf, Gérard Frot-Coutaz, et surtout Paul Vecchiali, qui ont assumé l’héritage de la Nouvelle Vague tout en l’ancrant dans la veine populaire du cinéma d’acteurs des années 30 et 40. La présence de la divine Micheline Presle, parfaite en pensionnaire acariâtre, semble assurer le lien entre ces tendances historiques du cinéma français. On pourra jubiler devant ce jeu ludique du chat et de la souris qui met en valeur la puissance histrionique d’un Fabrice Luchini pas encore vedette mais déjà très rohmérien. On appréciera aussi certaines allusions égratignant le cinéma dominant de l’époque, personnalisé par le papet d’Yves Montand dans Jean de Florette. Cela suffit-il à faire de Pierre Zucca « l’un des rares cinéastes français dont le talent ne soit ni toc ni vulgaire », selon les Cahiers du cinéma ? Certainement pas. Il manque une grâce dans la mise en scène, une inspiration dans l’écriture et un véritable propos pour que cette alouette trouve un véritable envol. Lorsque le masque de l’ornithologue tombe (à savoir dès l’exposition), les jeux sont faits. Sur un sujet voisin et avec moins de prétentions, Pierre Tchernia dans Le Viager ou Etienne Chatiliez dans Tatie Danielle auront été plus incisifs. Et que dire de Claude Chabrol acteur si ce n’est que sa composition n’est guère convaincante, là où un Michel Serrault aurait (peut-être) sauvé la situation ? Toujours est-il que pour une découverte plus complète de cet auteur, il vous faudra vous procurer le coffret collector regroupant l’intégralité de sa filmographie.