Le 29 septembre 2024
Suggestif et intimiste, réaliste et onirique, ce long métrage indien confirme le talent d’une réalisatrice inspirée mais n’échappe pas aux travers du film de festival.
- Réalisateur : Payal Kapadia
- Acteurs : Kani Kusruti, Divya Prabha, Chhaya Kadam, Hridhu Haroon
- Genre : Drame
- Nationalité : Indien, Français, Luxembourgeois, Néerlandais
- Distributeur : Condor Distribution
- Durée : 1h54mn
- Date de sortie : 2 octobre 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024
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– Festival de Cannes 2024 : Sélection officielle, En compétition
– Cannes 2024 : Grand Prix, Mention spéciale Prix des cinémas Art et Essai
Résumé : Le parcours de Prabha, une infirmière de Mumbai empêtrée dans un mariage arrangé avec un homme parti vivre à l’étranger. Anu, sa jeune colocataire, cherche un endroit où elle pourra enfin faire l’amour avec son amoureux. Les deux femmes se rendent dans une ville côtière. Là-bas, une forêt tropicale mystique deviendra le lieu où leurs rêves et désirs deviennent réalité.
- © Festival de Cannes 2024. Tous droits réservés.
Critique : Il s’agit du premier long métrage de fiction de la réalisatrice indienne Payal Kapadia, qui a été formée à la Cinef et au Film and Television Institute of India. Lauréate de l’Œil d’or du documentaire pour A Night of Knowing Nothing (Quinzaine des Réalisateurs 2021), elle est également l’auteure de courts métrages poétiques et ésotériques qui dévoilent l’influence d’Apichatpong Weerasethakul. Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2024, All We Imagine as Light est en apparence plus linéaire, tout en mettant en avant des intentions féministes plus ou moins explicites. À Mumbai, dans le sud de l’Inde, deux jeune femmes colocataires mènent une existence rangée. Toutes deux infirmières, elle semblent dévouées à leur métier et nouent des relations en apparence sereines avec leur entourage. Mais elle partagent un certain désenchantement, lié à leurs frustrations affectives et leur condition de femme ne disposant pas d’un réel libre arbitre dans une société patriarcale attachée au poids des traditions et de la religion.
- © 2024 Condor Distribution. Tous droits réservés.
Prabha s’est laissée faire par sa famille qui lui a proposé un mariage arrangé, mais l’époux a émigré, ayant trouvé un emploi à l’étranger ; Anu quant à elle vit mal la difficulté à trouver un lieu d’intimité avec son amoureux. Cette trame minimaliste constitue la première partie du récit et privilégie l’équilibre entre des dialogues explicatifs et le non-dit, dans des plans sans esbroufe se déroulant essentiellement dans des intérieurs. Le long métrage prend ensuite une autre tournure, aux confins du fantastique, lorsque les deux jeunes femmes décident d’entreprendre un voyage au cours duquel elles vont tenter de s’affirmer dans leurs choix et revendications. On se doute que ce long métrage arty n’empruntera pas la voie de Thelma Louise, ni même de L’une chante, l’autre pas mais la rupture de ton de cette seconde partie est d’une indéniable élégance visuelle, ne serait-ce que par le décor naturel d’une forêt proche de la mer et du village côtier de Ratnagiri.
- © petit chaos
On songe à d’autres œuvres asiatiques ayant cerné les tourments humains au sein d’une nature à la fois protectrice et hostile, des longs métrages de Naomi Kawase au récent Mal n’existe pas de Hamaguchi, en passant par L’arbre aux papillons d’or de Pham Thiên Ân (Caméra d’or 2023). Payal Kapadia dispose d’un réel talent et sort des sentiers balisés, tant de la narration traditionnelle que du film à thèse verrouillé. On regrettera toutefois une démarche qui pouvait paraître stylistiquement novatrice dans les années 60 et 70 mais pouvant être perçue aujourd’hui comme un nouvel académisme de « film de festival », un péché mignon auquel n’avait pas échappé sa compatriote Mira Nair (Salaam Bombay !), dans un autre registre. En dépit de cette réserve, All We Imagine as Light, cohérent avec les intentions de la réalisatrice, est hautement recommandable.
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