Le 7 juin 2017
Quand Ali rencontre Ibrahim. Un récit initiatique séduisant.
- Réalisateur : Sherif El Bendary
- Acteurs : Ali Sobhy, Ahmed Magdy, Salwa Mohamed Ali
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français, Égyptien
- Distributeur : Arizona Distribution
- Durée : 1h38min
- Titre original : Ali, the Goat and Ibrahim
- Date de sortie : 7 juin 2017
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Résumé : Quand Ali rencontre Ibrahim. Ali, d’un tempérament jovial, voue un amour inconditionnel à Nada, sa chèvre. Sa mère ne le comprend pas et décide d’envoyer Ali chez un guérisseur. Il y rencontre Ibrahim, un ingénieur du son qui souffre d’acouphènes qui parasitent son travail et sa joie de vivre. Ali, Nada et Ibrahim entreprennent un voyage thérapeutique qui les conduira d’Alexandrie au Sinaï et qui bouleversera leur vie.
Notre avis : Ce sont deux solitudes qui se rejoignent et tracent un chemin pour trouver un sens à leur vie respective. Ali et Ibrahim subissent, chacun à leur façon, une ostracisation sociale : le premier est un grand enfant, les premières images du film le montrent, les bras encombrés d’une énorme peluche rose. Qu’à l’intérieur ne s’y trouve que de la mousse et non de la drogue, voilà qui surprend les policiers, lorsque ceux-ci l’arrêtent. Que son amour indéfectible d’une chèvre se manifeste avec l’angoisse irrépressible de la perdre et tout le quartier le prend à parti. La vie d’Ibrahim, elle, est lestée d’un handicap rédhibitoire : il provoque son renvoi d’un studio d’enregistrement. Mais au-delà de cette situation, il y a chez lui, dans la méticulosité des gestes qu’il accomplit, une volonté : traquer le silence et l’enregistrer. Vœu pieux d’un pur idéaliste. Il faudra que ces deux-là s’échappent. L’environnement est hostile. L’un échappera à une mère envahissante, qui prend la chèvre en grippe, l’autre tentera de fuir son monde intérieur, auquel ses acouphènes le condamnent et que les bruits du Caire amplifient.
Les deux personnages partent donc avec trois pierres chacun : elle sont à jeter dans différents endroits, pour anéantir le sort qui les accable, selon un guérisseur du Caire. On présume d’emblée que la chèvre sera l’objet d’une incompréhension entre les deux personnages : si Ali investit cet animal de manière anthropomorphique, le rationnel Ibrahim ne comprend pas cet attachement. En même temps, Ibrahim est convaincu de la nécessité de jeter les pierres, tandis qu’Ali ne croit pas à ces superstitions.
Le film est chargé d’une symbolique évidente : ainsi, les bruits qu’Ibrahim cherchent à fuir sont ceux qui viennent d’une ville oppressante, violente, contraignant des êtres hors normes à s’en extraire par tous les moyens. La cité est souvent évoquée de manière claustrophobe : rues étroites, maisons aux pièces sombres et exiguës donnent au spectateur l’envie d’espaces dégagés. Lorsqu’enfin les personnages prennent le train pour le grand départ, la caméra multiplie les plans d’ensemble, l’horizon se dégage : tantôt vers la mer, vers la montagne. Peu à peu, les deux voyageurs apprennent à se connaître. Les confessions prodiguées par Ibrahim, dans le calme d’une soirée orientale, mettent à jour des traumatismes originels. La peur de la perte, exprimée par Ali, scelle une amitié entre les deux hommes. A la fin, nous saurons que Nada la chèvre n’est qu’un signifié traumatique. On s’en doutait un peu.
Si les deux protagonistes bifurquent vers des chemins plus caillouteux, ce premier film ne quitte jamais l’autoroute du récit initiatique.
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