A une heure incertaine - la critique du film

Deux exilés Français se réfugient, durant la dernière guerre, au Portugal, nous plongeant au cœur de la dictature de Salazar. Ambiance pesante garantie.

L’argument : 1942. Dans le Portugal de Salazar, deux réfugiés Français, qui fuient le nazisme, Boris et Laura, sont arrêtés. L’inspecteur Vargas, séduit par la jeune femme, décide de les cacher chez lui : une grande maison où il vit avec sa fille Ilda et sa femme, gravement malade. Ilda découvre leur présence et, rongée par la jalousie, s’attache à les faire disparaître, coûte que coûte…

Notre avis : Le réalisateur Carlos Saboga est surtout connu pour son travail de scénariste avec Raoul Ruiz (Les mystères de Lisbonne, les lignes de Wellington). Pour son second long-métrage, il s’est intéressé à un pan de l’histoire de son pays : la neutralité du Portugal lors de la deuxième guerre mondiale a permis à plus de 100 000 personnes (Juifs et réfugiés politiques)de s’y cacher. Ce n’était pourtant pas la terre d’asile idéale. La terrible PIDE (Police Internationale de Défense de l’Etat) y sévissait et était chargée de limiter le nombre de visas réservés aux étrangers. C’est donc cette ambiance lourde et oppressante que nous décrit ce film. Nous voilà enfermés dans un huis-clos symbolisant à la fois l’isolement du pays et la solitude des réfugiés qui ne doivent exister aux yeux de personne. Tout le film se déroule dans une maison sombre aux vastes pièces inhabitées et dont les meubles sont, pour la plupart, recouverts de draps. Boris et Laura vivent reclus, la mère, en proie à la folie, demeure cloitrée dans une chambre, nourrie, lavée et veillée par une équipe médicale. La seule note de vie n’existe qu’à travers la jeune fille de la maison. Elle emplit l’atmosphère de sa présence, elle se promène à sa guise dans cet espace mystérieux, elle y fait ce que bon lui semble. Mais l’extérieur lui fait peur, elle ne sort jamais et nourrit son imagination de lectures que l’on devine machiavéliques. Elle voue un amour sans bornes, à la limite de l’inceste, à son père, le rigide policier Vargas qui le lui rend bien. Mais la jolie Laura va perturber cet amour filial exubérant. Car oui l’impitoyable agent de la PIDE peut parfois faire preuve d’humanité et c’est tant mieux. Au milieu de cette noirceur, un soupçon de sentiment apporte une bouffée d’air pur. On étouffe dans cet univers sans fenêtre où les personnages superficiels sont bien peu attachants. Le film est court (1h15). Ouf, il est temps de retourner à la lumière et à la vie.