Jeux d’enfants
Le 24 juillet 2016
Immuable d’un plan à l’autre, l’emphase ne permet jamais aux malheurs de Claire d’émouvoir le spectateur. Le film ne peut alors prétendre à autre chose qu’au drame tape-à-l’œil.


- Réalisateur : Christophe Lioud
- Acteurs : Marie-Christine Barrault, Noémie Merlant, Daniel Lobé
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 01h47mn
- Date de sortie : 27 juillet 2016

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Année de production : 2016
Résumé : Claire a 17 ans. Avec sa famille, elle passe ses vacances en Afrique du Sud lorsque sa famille disparaît dans un accident. Par une étrange contingence, elle échappe au drame. En plein désarroi, persuadée d’être responsable de la mort des siens et assommée par la culpabilité, elle s’enfuit et décide que le hasard par lequel elle a survécu guidera désormais sa vie. Au fil de ses aventures et de ses rencontres heureuses ou tragiques, elle brûle les étapes de la vie et réalise qu’elle porte en elle la force de créer son destin.
Notre avis : Et si un simple lancer de dé ou une vitre brisée suffisait à sceller un destin tragique ? Depuis l’habitacle ténébreux du véhicule l’acheminant sur une route à l’horizon infini, Claire, le regard oblique et désespéré, s’interroge. Ses souvenirs empourprés, la mort soudaine de ses parents et de son frère, projettent sur elle l’ombre de la fatalité. Pour déjouer ce coup du sort, Claire choisit de se soustraire à la trajectoire qui est la sienne, de s’enfuir en empruntant une autre voie, dessinant une autre vie. À tous les vents du ciel se mue dès lors en road trip contemplatif, à l’image de son ouverture sur un chemin aride à la perspective sans fin très Macadam à deux voies. Comme si la jeune fille filait son échappée telle une complainte, une mélopée en mouvement dont la finalité serait de pourfendre le temps présent. De le modeler à sa guise pour en changer la couleur. Où tous les vents du monde seraient appelés à tordre le fatum. Si le dispositif, usé jusqu’à la corde, a déjà fait ses preuves par le passé, son développement dans À tous les vents du monde frise malheureusement le ridicule. La faute notamment à une direction d’acteurs préférant jouer la carte de l’hyperbole et du déclamatoire, peut-être pour se garder de l’atonalité programmatique habituelle du cinéma français.
À l’image de ce choix artistique, la mise en scène n’est pas en reste. Même en dépit d’un cadrage mathématique - tendance Sofia Coppola sur les plans fixes -, la réalisation n’échappe à aucun des poncifs de la sur-dramatisation : les ralentis, la caméra portée qui tremblote ou encore la musique instrumentale un peu grandiloquente. Dommage, car À tous les vents du ciel ne démérite pas toujours dans sa façon de peindre la cristallisation du trauma, la rédemption par le mouvement cathartique, ou simplement les sentiments humains. Reste ce trop-plein de verve et cette faconde un peu pompière, qui poussent inexorablement le premier long métrage de Christophe Lioud vers l’échec. L’interprétation affectée de Noémie Merlant, l’actrice principale, n’aide par ailleurs malencontreusement pas à faire oublier ces fâcheux écueils. Sans doute le flashback inaugural, pierre angulaire de cette expiation de l’absence sur l’axe du présent, manque-t-il aussi trop de saveur pour réellement procurer au film la profondeur que son écriture laissait supposer. De même, les péripéties censées infléchir la destinée de Claire ne suffisent pas à captiver d’un bout à l’autre. Pour jongler avec une esthétique du cinéma entre pointes de présent et nappes de passé, n’est pas Eastwood ou Almodovar qui veut.