Le 23 février 2022
Un jeu de miroirs mère/fille qui sert de toile de fond à l’étude de la situation économique et sociale du Brésil actuel et aux séquelles des traumatismes passés.
- Réalisateur : Maria de Medeiros
- Acteurs : José de Abreu, Antonio Pitanga, Marieta Severo, Marta Nobrega, Laura Castro, Cláudio Lins
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Français, Brésilien
- Distributeur : Épicentre Films
- Durée : 1h47mn
- Titre original : Aos Nossos Filhos
- Date de sortie : 23 février 2022
- Festival : Festival international film Créteil et Val de Marne, Festival du film politique de Carcassonne 2022, festival Chéries Chéris Paris 2021, Festival Cinelatino Toulouse 2022, Festival International Film Rio de Janeiro 2021, Festival Désirs....Désirs Tours 2022, Mostra Fire Barcelone 2021, Cinelubu Festival Internacional Chili 2021
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Résumé : Vera, qui a combattu la dictature dans les années 70, s’occupe aujourd’hui à Rio d’un orphelinat pour enfants séropositifs. Sa fille, Tania, essaye depuis plusieurs mois, avec sa compagne, Vanessa, d’avoir un enfant par PMA. Entre elles deux, un fossé s’est creusé.
Critique : A nos enfants s’inspire de la pièce de théâtre écrite par Laura Castro. Également comédienne, elle occupe ici l’un des rôles principaux, celui de Tania. Jouée avec succès à travers tout le Brésil de 2013 à 2016, cette œuvre théâtrale met en scène un dialogue entre une mère et sa fille, lors d’un dîner arrosé. Vera, la mère, a connu la dictature, la prison, la torture et l’exil. Toujours prompte à défendre droits et libertés, elle se consacre désormais, avec un dévouement sans bornes, à la protection d’enfants malades. Sa fille Tania a grandi dans un Brésil plus apaisé où la relative stabilité politique conjuguée à une embellie économique a permis à la classe populaire de s’élever socialement. Néanmoins, dans un pays où le racisme et la violence sont encore bien présents à l’égard des homosexuels, elle lutte pour son droit à être lesbienne et mère. Un combat vain et inutile pour sa génitrice qui, de ce fait, a pris ses distances avec sa progéniture, marquant ainsi la limite de deux points de vue difficilement conciliables bien qu’étayés d’arguments parfaitement audibles.
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Alors que le Brésil semble gagné par la fièvre extrémiste (le tournage s’achève entre les deux tours de l’élection présidentielle qui permettra l’accession au pouvoir de Bolsonaro), le scénario prend quelques libertés avec le texte original de la pièce pour s’orienter vers les conséquences des méfaits du régime dictatorial (1964-1985) qui n’a pas épargné les femmes quelquefois condamnées à vivre avec le fantôme d’un compagnon, d’un frère ou d’un fils disparu. Si la transmission entre Vera et Tania se brise sur la divergence de classe sociale et le choix des combats, la douloureuse quête d’enfant les réunit.
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Les échanges mère/fille revêtent un caractère universel propre à créer une adhésion évidente de la part de toutes celles qui ont expérimenté les relations filiales. En revanche, l’onirisme, peuplé de crocodiles et de cafards, dans lequel baigne l’évocation des traumatismes du passé, est plus difficile à appréhender. Une digression qui floute momentanément l’énergie prometteuse d’un duo harmonieusement composé à qui les deux comédiennes (Marieta Severo et Laura Castro) apportent maestria et conviction. Mais l’attention se concentre essentiellement sur la capacité, déjà révélée dans Capitaines d’avril, le précédent long-métrage de la réalisatrice, à capter l’indicible. Tournant le dos à l’image idyllique d’un Rio de carte postale autant qu’à celle des crimes et des favelas, Maria de Medeiros pose un regard d’une justesse précieuse sur la réalité complexe d’un pays en pleine mutation, privilégiant l’humour et la générosité sans rien occulter d’une violence toujours rampante.
En mettant en parallèle passé et présent et en plaçant dos à dos deux générations de féministes aux aspirations différentes, la cinéaste, citoyenne du monde et dotée de multiples talents (elle est aussi comédienne et chanteuse) réussit une immense fresque politique et humaine et offre la vision panoramique d’une terre de paradoxes et de contrastes méconnue.
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