Le 25 avril 2019
Un regard pudique et modeste, qui en dit long sur les relations filiales, et bien plus encore sur une époque qui entendait faire rimer liberté avec égalité, et égalité avec fraternité.
- Réalisateur : Samuel Bigiaoui
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h24mn
- Date de sortie : 1er mai 2019
- Festival : Festival de Valenciennes 2019
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Résumé : Ouverte il y a 30 ans, en plein Quartier latin, la quincaillerie de mon père est un haut lieu de sociabilité. C’est aussi l’ancien terrain de jeu de mon enfance. Bricomonge va fermer. À l’heure de l’inventaire et des comptes, j’accompagne mon père dans les derniers moments du magasin. Et je cherche à comprendre ce qui a amené le militant maoïste qu’il était dans les années 1960-1970, intellectuel diplômé, à vendre des clous.
Notre avis : Entre son métier d’architecte et son poste d’enseignant en mathématiques, Samuel Bigiaoui écrit et réalise presque par inadvertance son premier documentaire. Passionné de cinéma depuis son plus jeune âge, il filme pendant des années, sans but précis, juste pour garder des souvenirs, les allées et venues du magasin de son père. Alors que celui-ci, en 2012, lui fait part de son intention de le vendre, il ressent le besoin impérieux de percer le mystère incompréhensible pour lui, l’enfant des années 80 bercé au son de l’argent-roi et du consumérisme galopant, de cet homme surdiplômé devenu par choix quincailler de quartier.
- Copyright Sophie Dulac Distribution
A travers la description de ce commerce paternel, il dessine les contours d’une génération qui eut cette étrange idée de privilégier les idéaux humanistes à toutes autres valeurs, et témoigne de l’attachement de tous ceux qui ont fréquenté ce creuset d’une démocratie, à jamais révolue. Car ici, tout le monde a droit à la parole, amis, clients ou employés. Plus que pour acheter une planche de bois ou quelque outillage, on vient surtout chez Bricomonge pour prendre un café, discuter de la pluie et du beau temps, mais aussi échanger sur la politique, l’économie, les spectacles ou encore pour rencontrer d’autres cultures, puisque tant du côté des habitués que des salariés, tous les pays s’y croisent et égaient le lieu de leurs accents divers et variés.
Et puis, en arrière-plan, se profile une dimension plus intimiste : celle de la transmission entre un fils trop curieux et un père peu disert, que le réalisateur sait habilement faire évoluer vers une réflexion universelle, autour des engagements et du sens que chacun souhaite donner à sa vie.
- Copyright Sophie Dulac Distribution
Au sous-sol, la caméra se fait complice de quelques instants d’une tendresse pudique, grâce à de rares mais précieuses confidences qu’un homme pourtant réticent à se livrer, offre à son fils, dans le seul but de lui faire plaisir. Au sein de la boutique s’échangent des propos quelquefois sans grand intérêt, parfois plus sérieux, des traits d’humour, des plaisanteries, de l’écoute, de la reconnaissance. Sont ainsi réunis tous les ingrédients pour faire de ce huis clos chaleureux un haut lieu d’humanité, que Samuel Bigiaoui filme avec une sensibilité qui éclate toute entière à travers cette image de fin qui, de manière poignante, signe la disparition définitive d’un monde et d’une génération, dont les espoirs d’une vie meilleure ont débuté il y a un peu plus de cinquante ans, dans ce même Quartier latin.
- Copyright Sophie Dulac Distribution
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