Redacted
Le 19 février 2013
Un documentaire "homemade" percutant sur la résistance d’un village palestinien menacé par l’implantation de colonies israéliennes, en Cisjordanie. Nommé à l’Oscar 2013 du meilleur documentaire.
- Réalisateurs : Emad Burnat - Guy Davidi
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Israélien, Français, Néerlandais, Palestinien
- Durée : 1h30mn
- Titre original : {5 broken cameras}
- Date de sortie : 20 février 2013
- Plus d'informations : Le site du distributeur
- Festival : Les Oscars 2013
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Un documentaire "homemade" percutant sur la résistance d’un village palestinien menacé par l’implantation de colonies israéliennes, en Cisjordanie. Nommé à l’Oscar 2013 du meilleur documentaire.
L’argument : Emad, paysan, vit à Bil’in en Cisjordanie. Il y a cinq ans, au milieu du village, Israël a élevé un " mur de séparation" qui exproprie les 1700 habitants de la moitié de leurs terres, pour "protéger" la colonie juive de Modi’in Illit, prévue pour 150 000 résidents. Les villageois de Bil’in s’engagent dès lors dans une lutte non-violente pour obtenir le droit de rester propriétaires de leurs terres, et de co-exister pacifiquement avec les Israéliens. Dès le début de ce conflit, et pendant cinq ans, Emad filme les actions entreprises par les habitants de Bil’in. Avec sa caméra, achetée lors de la naissance de son quatrième enfant, il établit la chronique intime de la vie d’un village en ébullition, dressant le portrait des siens, famille et amis, tels qu’ils sont affectés par ce conflit sans fin.
Notre avis : En voyant les premières minutes de 5 caméras brisées, qui introduisent le dispositif du film, c’est un genre nouveau et étrange qui s’impose à nos yeux : le film de guerre ou de résistance homemade, ou plutôt une forme de documentation qui part du domicile familial et du point de vue subjectif, pour témoigner de différents événements depuis l’intérieur même du cercle où ils se produisent. Le film adopte pourtant par son montage les canons dramaturgiques d’un genre documentaire plus classique, construisant dès son ouverture une narration forte, marquée par des enjeux et des personnages dont le film va suivre l’évolution en passant par des moments d’espoir et de découragement. « Dramatiser » un quotidien déjà dramatique – et faire surgir la matière narrative dans ce que ces villageois vivent comme une chronique de la résistance – est une manière de parvenir à raconter l’irracontable, et de contourner l’absurdité de la situation par le conte et parfois l’humour. Sur le fond, le pari est réussi : ce type de structure ne peut provoquer que l’identification à la lutte représentée, et ceux qui en sont les hérauts – une identification déconcertante, qui rend le film accessible dès ses premières minutes. La sincérité et la simplicité de la voix-off d’Emad Burnat, qui énonce sur un ton presque monocorde la succession des événements et des sentiments personnels qui ont traversé ces années de résistance, offre un balancier au caractère parfois extrême des images et des situations montrées.
Le film montre pourtant davantage encore qu’il ne prétend offrir au regard. Dans les prises de vue d’Emad Burnat, parfois chaotiques, prises de manière sauvage au cours de manifestations, il est curieux de voir comment la résistance du village gagne elle-même en notoriété : dans le champ, d’autres caméras apparaissent, qu’elles appartiennent à la presse, aux amateurs ou aux associations, pour pouvoir elles aussi documenter la lutte. La caméra devient elle-même à la fois un outil, une arme et une protection – d’où ces plans terrifiants où la caméra est atteinte, sauve la vie de son propriétaire, et finit par rendre l’âme sur le champ de bataille. Le film se transforme parfois en leçon d’obstination ; lorsque les soldats viennent frapper à sa porte, Emad Burnat continue de braquer sa caméra, arguant de son droit de filmer, en tant que journaliste improvisé, sur son territoire. En creux, nous comprenons que la lutte passe autant par les manifestations pacifiques organisées directement face à l’armée, que par l’accumulation et le montage de ces images prises tant que l’on peut encore filmer. Emad Burnat filme pour son dernier-né, et le petit Gibril grandit au fur et à mesure que les images sont de plus en plus graves et pesantes ; mais le réalisateur reste conscient qu’au travers du fils, le spectateur perd lui aussi sa naïveté.
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