16 blocs - Richard Donner - critique

Critique : Richard Donner, qui avait livré son Arme fatale, grosses blagues et bombes réjouissantes, refait ici le coup du duo Blanc/Black, mais à la sauce contrariée, le délinquant et le flic alcoolique, l’un aux portes de la rédemption, l’autre à celles de l’enfer. Forcément, il y a du bon sentiment dans l’air... Comme ces deux amochés de la vie sont traqués par une bande de flics plus pourris les uns que les autres (David Morse en tête, qui s’enterre dans sa propre caricature...), il va falloir qu’ils se serrent les coudes. Le tout est tenu tant bien que mal par une ficelle à la 24h chrono, le délinquant devenu témoin devant se rendre au tribunal avant dix heures, le film commençant à huit heures.
À partir de ce postulat peu original, 16 blocs n’est qu’une banale course-poursuite dans les rues de New York, loin d’être exaltante, entrecoupée de scènes pseudo émouvantes de dépressions alcoolisées silencieuses ou de déblatérations épuisantes de bonnes intentions (Mos Def, bien que fort charismatique, atteignant des sommets d’agacement avec son accent du ghetto appuyé.) Cousue de fils blancs (les gentils s’en sortent toujours in extremis avec l’aide d’alliés qui auraient pu se pointer une heure plus tôt...), l’histoire atteint son dénouement mollement, pour finir dans une guimauve à la limite du ridicule. Reste le personnage de Bruce Willis, bidon pendant, moustache et calvitie bien voyante, sueur de poivrot et teint pâlichon, plutôt réjouissant sur les dix premières minutes, franchement lassant à la longue. Comme le tout est filmé avec tous les tics mode du moment (de la caméra à l’épaule, une belle rotation au ralenti style post-matrixienne, du noir et blanc, etc.), on craint, comme le disait si bien Danny Glover, que Richard Donner ne soit "trop vieux pour ces conneries"...