Le 5 novembre 2022
Le parti pris sensationnaliste de la mise en scène finit par exaspérer le spectateur et chasse toute forme d’empathie et d’émotion à l’égard du personnage principal.
- Réalisateur : Kilian Riedhof
- Acteurs : Anne Azoulay, Farida Rahouadj, Christelle Cornil, Yannick Choirat, Camélia Jordana, Pierre Deladonchamps, Thomas Mustin, Zoé Lorio
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Allemand
- Distributeur : Haut et Court
- Durée : 1h43mn
- Date télé : 8 novembre 2024 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 2 novembre 2022
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Résumé : Comment surmonter une tragédie sans sombrer dans la haine et le désespoir ? L’histoire vraie d’Antoine Leiris, qui a perdu Hélène, sa femme bien-aimée, pendant les attentats du Bataclan à Paris, nous montre une voie possible : à la haine des terroristes, Antoine oppose l’amour qu’il porte à son jeune fils et à sa femme disparue.
Critique : C’est un couple parisien bobo. Lui est écrivain, elle est maquilleuse. Ils s’apprêtent à voyager en Corse mais avant toute chose, il y a un concert prévu au Bataclan, un fameux soir de novembre 2015. Comme on le sait maintenant, le drame survient et Antoine se retrouve seul avec son fils, l’épouvante du deuil à porter. Vous n’aurez pas ma haine est tiré du livre d’Antoine Leiris qui a emprunté la formule à une confession publique qu’il avait lâchée sur son compte Facebook. Quelques jours après le drame, l’expression avait fait le tour des médias et lui avait valu moultes invitations dans des radios ou sur des plateaux de télévision.
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Il y a quelque chose d’indécent, sinon de vulgaire, dans le choix que fait Kilian Riedhof en matière de mise en scène pour son film. En effet, le réalisateur allemand tente de raconter le deuil impossible dans un univers qui emprunte autant au thriller, au mélodrame qu’à la théâtralité. Les ralentis, la musique sombre, les scènes nocturnes s’assimilent à une forme d’esbroufe cinématographique où tout est bon pour en rajouter dans les émotions. En réalité, le récit produit le contraire des effets recherchés. On se prend de colère contre le personnage principal qui donne à voir des attitudes détestables, effrayantes d’égocentrisme et de désinvolture. Pourtant le sujet est grave, et le mettre en scène de cette manière pourrait faire craindre au moins la faute de goût, voire la provocation.
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Pierre Deladonchamps n’est pourtant pas le pire des comédiens. Ici, il s’adonne au rôle d’un homme, pas tellement submergé par la douleur, mais surtout profondément détestable. Il affronte la mort de sa femme avec une certaine pugnacité, lui faisant parfois oublier que son enfant subit la même épreuve. L’appartement se transforme peu à peu en un capharnaüm malheureux, semblable à un champ de bataille, où l’enfant erre quasiment seul. Heureusement, la famille et surtout la belle-famille de l’écrivain sont là pour le rappeler à ses responsabilités et le sortir de l’égoïsme dans lequel il se complaît.
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Le choix de la petite comédienne censée incarner l’enfant d’Antoine relève du non-sens. Elle fait évidemment de son mieux, mais les traits féminins, les rictus du visage empêchent l’intérêt du spectateur à son égard. On ne perçoit plus que la bizarrerie de cet enfant, subissant pourtant un incommensurable drame. Vous n’aurez pas ma haine sonne faux, à l’instar de cette apprentie actrice qui s’épuise dans les simagrées. On ressort donc de cette histoire totalement agacé, là où pourtant l’enjeu était de soulever les larmes du spectateur. Sans doute que la réalisateur aurait eu intérêt à attendre un peu avant de s’engager dans la mise à l’écran du livre de Leiris, le recul historique étant sans doute la meilleure des précautions.
- © Haut et Court
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