Le 11 février 2021
Un premier film honnête et passionné, mais dont le romantisme et le symbolisme exacerbés font parfois office de surenchère.
- Réalisateur : Stéphane Batut
- Acteurs : Antoine Chappey, Jacques Nolot, Djolof Mbengue, Judith Chemla, Thimotée Robart
- Genre : Romance, Drame fantastique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 1h46mn
- Date télé : 22 février 2021 22:40
- Chaîne : OCS City
- Date de sortie : 28 août 2019
- Festival : Festival de Cannes 2019, ACID 2019
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Résumé : Juste erre dans Paris à la recherche de personnes qu’il est seul à voir. Il recueille leur dernier souvenir avant de les faire passer dans l’autre monde. Un jour, une jeune femme, Agathe, le reconnaît. Elle est vivante, lui est un fantôme. Comment pourront-ils s’aimer, saisir cette deuxième chance ?
Critique : Il s’appelle Juste. Comme un prénom prédestiné à accompagner les gens vers le bien. Car ce garçon blessé à la joue, qui échappe d’un ravin du parc des Buttes-Chaumont, est non seulement un fantôme pour la plupart des mortels sur cette terre, mais aussi un passeur. Passeur d’émotions, passeur d’amour, passeur de souvenirs, et passeur tout court, à la façon du gardien du Styx sur sa barque. Nous sommes à Paris, et il faut le dire, la capitale est une fois de plus joliment filmée. On reconnaît le XIXe arrondissement et ses allées pavées, bordées de maisons. On reconnaît la ligne 5, et surtout, magie du cinéma, Stéphane Batut donne la voix et l’image à un chanteur fameux de la ligne, aveugle, qui, armé de son piano électrique, entonne chaque jour, depuis des années, dans la rame, des chants arabes magnifiques. En cela, et c’est sans doute le qualificatif essentiel de ce film, le cinéaste donne à voir une générosité sans faille, tant dans sa manière d’attraper dans sa caméra des anonymes parisiens, que de conduire ses acteurs.
- Copyright Les Films du Losange
En face de Juste, interprété par un tout jeune comédien, Thimotée Robart, dont c’est la première apparition sur des écrans, d’une rare sensualité, la parole est donnée à Judith Chemla qui déborde d’énergie et de passion. La comédienne porte à elle toute seule le film, même si, dans ce couple qui se crée, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Un décalage d’âge trop marqué entre les comédiens ? Des situations et des dialogues un peu surfaits ? Stéphane Batut commet le péché des premières œuvres, qu’elles soient littéraires ou cinématographiques, dans le recours abusif à la métaphore ou la poésie. Du coup, les personnages s’en trouvent presque arrêtés dans leurs aspirations à un jeu vraisemblable. Même les grands Jacques Nolot et dans une moindre mesure, Antoine Chappey, ne paraissent pas à la hauteur de l’enjeu. En fait, le cinéaste a sans doute trop abusé d’une esthétique cinématographique, volontairement démonstrative, et de symboles expressionnistes. Il faut pouvoir laisser au spectateur le pouvoir de l’imagination et du mystère. Or, le cinéaste surcharge son récit, qui prive le spectateur de s’abandonner à l’émotion.
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La musique est très présente dans le film. On n’échappe pas à la traditionnelle scène de danse des comédiens, sinon qu’au lieu de s’installer dans une boîte de nuit, la caméra choisit un parc tout à fait éclectique pour devenir une piste de fête. A ce moment d’ailleurs, Stéphane Batut donne la voix à une chanteuse absolument touchante. En ce sens, Vif-argent constitue une sorte de passage de témoins. Le film donne en effet l’opportunité à ce jeune Thimotée Robart d’exprimer son talent indéniable de comédien, et à toute une série de jeunes interprètes d’engager une chanson. Le cinéaste lui-même s’essaye à la mise en scène, avec la pudeur et la maladresse des premiers essais. Il n’empêche qu’il est allé au bout de son projet, et que le spectateur ressort, certes avec le sentiment d’une œuvre trop chargée, mais aussi avec celui qu’il y a, en tout état de cause, un avenir certain dans la carrière de ce cinéaste, ne serait-ce que du fait que l’auteur a été récompensé par le prestigieux Prix Jean-Vigo pour ce film.
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