Le 10 mai 2022
Malgré un certain académisme de la mise en scène, ce reportage montre avec courage la difficulté d’être homosexuel en Syrie, et plus largement dans les pays du Moyen-Orient, à travers la préparation du concours Mr Gay World à Malte.
- Réalisateur : Ayşe Toprak
- Genre : Documentaire, LGBTQIA+
- Nationalité : Français, Allemand, Turc
- Distributeur : Outplay Distribution
- Durée : 1h28mn
- Titre original : Mr Gay Syria
- Date de sortie : 11 mai 2022
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Résumé : Syrien, réfugié et homosexuel, Hussein, vingt-quatre ans, vit exilé en Turquie en ayant dû laisser sa fille derrière lui afin d’échapper à une mort certaine. Entre survie et peur, une opportunité s’offre à lui : participer au concours Mr Gay World en Europe afin de sensibiliser le monde à la situation des personnes LGBT en Syrie. Mais pour aspirer à la liberté, il lui faudra d’abord une chose : obtenir un visa.
Critique : On a oublié dans nos sociétés occidentales où nombre de jeunes gens revendiquent leur féminité comme nouveau modèle identitaire, combien la question gay est loin de faire l’unanimité dans de nombreux pays. Ayşe Toprak installe sa caméra en Turquie où elle filme un jeune homme syrien, coiffeur de son état, qui a été sélectionné parmi une bande d’amis gays, à représenter son pays au concours international de Mr Gay. Hussein a vingt-quatre ans, est père d’une petite fille, vit dans le mensonge comme tous les homosexuels en Syrie ou en Turquie, dans la peur d’être découvert, au sein d’une société qui renvoie cette dimension sexuelle à une hérésie occidentale.
L’entreprise même du film est un exploit. Comment un cinéaste, a fortiori une femme, peut introduire sa caméra au cœur d’une communauté secrète et condamnée dans une société étranglée par les préjugés ? Mais la question de la discrimination sexuelle n’est pas le seul sujet du documentaire. Le film regarde la difficulté pour des migrants persécutés pour leur attirance du même sexe de se faire reconnaître comme réfugiés politiques. Pourtant, la Convention de Genève est claire sur le sujet, mais le spectre du mensonge ou de l’invasion migratoire confinent les pays occidentaux à distribuer au compte-gouttes le droit d’obtenir des papiers. Ainsi, Ayşe Toprak met en scène deux réalités de cette problématique sociale à savoir d’un côté la complexité pour obtenir un visa sa et faire valoir son identité, et de l’autre celle de gagner le droit à la protection.
Le traitement du documentaire se heurte à un certain formalisme très descriptif. On perçoit pendant toute la durée du film le courage de révéler le parcours de vie de ces jeunes gens. Et pourtant, le propos a du mal à parfois à s’écarter de la vie quotidienne de ces jeunes qui s’exposent, plus qu’ils n’exposent la douleur de leur condition de vie. Une écriture plus sensuelle, du moins moins journalistique, aurait peut-être relevé le propos et permis au spectateur de s’identifier aux protagonistes. Néanmoins, Ayşe Toprak a la courage de filmer la répression violente lors d’une gay pride modeste en Turquie et l’on comprend combien le combat de nos aînés en Europe a été vif il y a plus de cinquante ans. Ici, la revendication de la liberté se confronte au moralisme religieux. Pour autant, les personnages laissent leur féminité s’exprimer. Ils ressemblent en tout point aux garçons gays que l’on voit à Paris, sinon que leur destin est voué à ignorer leur identité et à vivre cachés.
Un visa pour la liberté : Mr Gay Syria constitue un témoignage important pour celles et ceux qui ignoreraient encore la puissance de la discrimination et de la persécution pour les minorités. Le documentaire apprend l’humilité et la combattivité nécessaire pour gagner le droit à être soi.
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