Le 31 janvier 2023
Après Jeune femme, Léonor Serraille se lance dans un cinéma plus classique mais touchant, qui invite à porter un nouveau regard sur les migrants.
- Réalisateur : Léonor Serraille
- Acteurs : Lætitia Dosch, Stéphane Bak, Ahmed Sylla, Annabelle Lengronne, Kenzo Sambin, Saül Benchetrit
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h56mn
- Date télé : 1er avril 2024 21:00
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 1er février 2023
- Festival : Festival de Cannes 2022
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Résumé : À la fin des années 1980, Rose arrive d’Afrique et emménage en banlieue parisienne avec ses deux fils, Jean et Ernest. De cette installation jusqu’à nos jours, le portrait d’une famille ordinaire.
Critique : Ancienne de la Fémis, Léonor Serraille avait obtenu la Caméra d’or du Festival de Cannes avec Jeune femme, présenté en 2017 dans la section Un Certain Regard. Porté par Lætitia Dosch, le métrage échappait aux conventions de la comédie sentimentale et du récit initiatique, par un savant patchwork de situations qui sonnaient juste. Un petit frère se situe dans un tout autre registre, plus classique, moins « parisien ». Inspiré par l’histoire de sa belle-famille, le scénario suit l’évolution d’une famille monoparentale afro-française, originaire de Côte d’Ivoire, et installée en France à la fin des années 80. Rose, la mère, vit avec ses deux fils, Jean et Ahmed. D’abord hébergée chez une proche, Rose se partage ensuite entre Rouen et Paris, au gré de ses rencontres sentimentales qui finissent généralement mal. Festive et joyeuse, mais aussi attentive envers ses enfants, elle est présentée comme une personne avec ses qualités et défauts, ni mère courage, ni femme indigne.
- © 2022 Blue Monday Productions, France 3 Cinéma. Tous droits réservés.
Jean et Ahmed connaîtront un parcours chaotique, avec la réelle volonté d’une intégration, même si Jean sera mal à l’aise avec sa réussite scolaire et la fréquentation de la bourgeoisie rouennaise dont il ne maîtrise pas les codes. Structuré en trois parties qui explorent le point de vue de chacun des trois protagonistes, mais avec une linéarité chronologique (sur deux décennies), le film a des qualités. Elles résident d’abord dans la réussite de la direction d’acteurs, mêlant comédiens expérimentés (on retrouve Lætitia Dosch dans un second rôle) et non-professionnels. On apprécie également le travail de la directrice photo Hélène Louvart, qui avait collaboré avec Varda, Wenders, Honoré... Quant au propos d’Un petit frère, il s’inscrit dans la lignée d’un certain cinéma français visant à mettre en lumière les populations d’origine étrangère.
- © 2022 Blue Monday Productions, France 3 Cinéma. Tous droits réservés.
« J’ai cherché à comprendre les personnages, à les laisser me gagner émotionnellement. Le cœur de l’écriture a été de les esquisser comme des individus singuliers et complexes, et c’est comme cela que j’aime être approchée, moi-même, dans la vie, comme une personne avec une pluralité d’aspects. Par exemple je suis une femme mais je ne veux pas être ramenée à cela en permanence, car cela n’explique pas tout de mon identité », a déclaré Léonor Serraille. Son film, généreux dans son propos, paraît cependant sage par sa mise en scène, comparativement à des modèles ayant abordé une problématique similaire, du Thé au harem d’Archimède de Mehdi Charef à Fatima de Philippe Faucon, jusqu’à Tori et Lokita des frères Dardenne. On regrettera aussi des passages maladroits. Ainsi en est-il de la séquence ou Ahmed est l’objet d’un contrôle policier au faciès, qui mène le récit sur la pente du didactisme. Malgré ces réserves, Un petit frère reste une œuvre agréable et sincère qui mérite le détour.
– Sélection officielle Cannes 2022 : en compétition
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