Le 13 décembre 2019
Un western emblématique de l’évolution du genre aux États-Unis dans les années 1970. Quand l’ethnocide indien est mis au premier plan.
- Réalisateur : Elliot Silverstein
- Acteurs : Richard Harris, Judith Anderson, Jean Gascon
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Carlotta Films
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h53min
- Date télé : 1er juillet 2024 20:55
- Chaîne : Arte
- Reprise: 4 décembre 2019
- Titre original : A Man called Horse
- Date de sortie : 9 septembre 1970
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Résumé : Parti chasser dans le Nord-Ouest des États-Unis, John Morgan, un lord anglais, se fait capturer par des Indiens sioux. Il ne doit son salut qu’au chef de la tribu, Yellow Hand, qui décide de l’offrir comme esclave à sa mère. Lassé d’être considéré comme un vulgaire cheval, John tente de s’évader, en vain. Il fait ensuite la connaissance de Batise, un captif métis, qui lui apprend le mode de vie des Sioux et tombe peu à peu sous le charme de Running Dear, la sœur de Yellow Hand…
Critique : Les années 1970 marquent un tournant dans l’histoire du western comme genre cinématographique. Le mensonge blanc perd ainsi sa crédibilité : l’ethnocide indien, péché originel de la conquête de l’Ouest, est sous les feux de beaucoup de caméras. Les consciences, surtout américaines, confrontées à la violence propre à la guerre du Vietnam, s’éveillent aussi sur le sort sanguinaire réservé aux Indiens, qui a atteint son paroxysme, pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Un sort injuste, perpétré au nom d’un expansionnisme aveugle, sans aucune limite, même éthique. Le sujet est alors tabou et, bien que brisé, le demeure aujourd’hui, car le gouvernement fédéral américain en a été le chef d’orchestre. La civilisation indienne, plurielle de surcroît, est enfin reconnue comme existante, et mise en lumière par des réalisateurs engagés.
Si Little Big Man d’Arthur Penn, sorti en 1970, est le premier western dit "inversé", avec Dustin Hoffmann, incarnant un homme blanc, Jack Crabb, qui aurait été adopté et élevé par une famille de Cheyennes, c’est Un homme nommé Cheval (A Man called Horse), réalisé par Elliot Silverstein, sorti la même année, qui en est la plus belle illustration. Un Anglais, qui plus est de noble souche, élégant et habitué aux bonnes manières, est fait prisonnier par des Sioux, alors qu’il s’offre un safari dans le Dakota sauvage. L’innovation majeure est que les Indiens sont de vrais Sioux. Les costumes ne sont pas de pacotille et le maquillage n’est pas un grimage clownesque. On peut parler d’un éclairage approprié, voire d’une approche ethnologique des Indiens, considérés comme détenteurs d’une culture qui leur est propre, méritant un décryptage, jusqu’ici presque inédit.
La peau blanche du Lord est, tout de suite, une source d’amusement, et il se voit attribué un sort peu enviable, pour commencer : celui d’un esclave, affublé du sobriquet de "Shunkawakan" qui veut dire "Cheval". Il est au service de la mère du chef tribal. Ce lord mis à nu, John Morgan, est campé par Richard Harris, sublimant son personnage, qui va, en prouvant son courage au combat (parlant des guerres indiennes, car l’action se déroule vers 1820), voir son statut évoluer au sein de cette tribu, qui a pour nom les "Yellow Hand". Au diapason d’une confiance réciproque, Il va être considéré comme un des leurs, et initié au large faisceau de leurs traditions immémoriales et reconstituées avec soin. Ce western, désacralisant les idoles comme John Wayne, offre le rôle principal, presque davantage aux Indiens, loin de leur réputation, trop longtemps erronée, et désormais dépassée, de "sauvages".
Un homme nommé Cheval, véritable western "pivot", qui inspirera, bien plus tard Kevin Costner, à travers le beaucoup plus connu Danse avec les loups (Dance with Wolves, en 1990), est à voir absolument. Il est sorti en version restaurée haute définition, le 4 décembre 2019, dans les salles, et aussi en Blu-ray et DVD, avec, comme bonus inédit, un entretien exclusif avec le réalisateur Elliot Silverstein. La beauté des paysages retrouve de sa superbe. et la bande originale est sublime. Nous recommandons donc vivement ce métrage réaliste bien qu’imprégné de spiritualité. Deux suites, avec toujours Richard Harris, dans le rôle de néo-Indien, ont été données au premier volet, sans l’égaler : La revanche d’un homme nommé Cheval (Irvin Kershner, 1976) et, pour conclure, Le triomphe d’un homme nommé Cheval (John Hough, 1982).
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