La paix des braves
Le 7 décembre 2005
Le difficile retour à la vie d’un guerrier qui n’en est plus un.
- Réalisateur : Zeze Gamboa
- Acteur : Oumar Makéna Diop
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Portugais, Angolais
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– Durée : 1h37mn
– Titre original : O heroi
Le difficile retour à la vie d’un guerrier qui n’en est plus un.
L’argument : Comme beaucoup de jeunes de son âge en Angola, Vítorio a été enlevé pour faire la guerre à l’âge de quinze ans. Vingt ans plus tard, en 2002, au moment où la paix revient dans son pays, il est démobilisé après avoir perdu une jambe en marchant sur une mine antipersonnelle. Vítorio, mutilé de guerre, revient donc à (la vraie) vie aidé d’une prothèse qu’il se fera malheureusement voler au détour de ses errances, à la recherche d’un emploi, dans la ville de Luanda.
Notre avis : Un héros, Grand Prix du Festival du film de Sundance en 2005 et Prix du Public du Festival des trois continents, est le premier long métrage du réalisateur angolais Zeze Gamboa. Mais c’est surtout l’un des trois films coproduits en Angola depuis la fin de la guerre civile qui a duré vingt-sept ans. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce film, qui a habité son réalisateur pendant dix ans - il ne sera tourné qu’en 2002, l’année du retour de la paix - a atteint son objectif. Celui de nous donner un aperçu de cet Angola, à travers les destins croisés d’hommes et de femmes et à la lumière du sort réservé aux vétérans de guerre, qui essaient de se reconstruire. Des hommes surtout, mais aussi des femmes, que l’on a mis sur le champ de bataille, sans leur consentement, les privant d’une vie normale, de la vie tout court. Pour ensuite s’en débarrasser quand, à cause de cette même guerre, ils ne sont devenus qu’une partie d’eux-mêmes parce que mutilés ou blessés. Une prise en charge minimale leur est accordée aussi bien sur le plan matériel que psychologique.
Vítorio - qu’incarne avec beaucoup de réalisme l’acteur sénégalais Ousmane Makena Diop -, dans sa quête d’une nouvelle vie, rencontre des êtres tout aussi perdus et courageux que lui. Comme Júdite, une prostituée qui a fui la guerre en abandonnant son enfant. Depuis, elle cherche désespérément à le retrouver au travers d’une émission de la télévision angolaise dénommée "Point de rencontre". Connue dans tout le pays, elle offre la possibilité aux familles de lancer des avis de recherche. Il y a aussi Manu, dont le père parti à la guerre n’est jamais revenu. Sa vie, auprès de sa grand-mère, en attendant le retour de son père, ce "héros", est rythmée de petits larcins. Ensemble, comme les pièces d’un puzzle qui s’emboîtent parfaitement, ils sauront donner un nouveau sens à leur vie. Celui de l’espérance.
Car Un héros, s’il évoque le drame de la guerre et son lot de vies brisées, reste néanmoins un film optimiste. Il traduit bien, du moins l’idée que l’on peut s’en faire, la volonté d’un peuple qui croit fermement en des lendemains meilleurs. Pourrait-il en être autrement quand on a connu le pire ? En tout cas, pour ceux qui ne connaissent pas l’Angola, son histoire et sa culture, aller voir ce film pourrait être un bon début. Quant à ceux qui aiment la musique mais qui en savent très peu sur celle qui nous vient de là-bas, ils apprécieront la petite escapade sonore que leur offre ce film. Pour toutes ces raisons, Un héros mérite vraiment le déplacement.
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