Un colt nommé Gannon - la critique + le test DVD

Critique Remake de L’ homme qui n’a pas d’étoile de King Vidor, ce western pâtit de la comparaison avec le classicisme solide de son modèle. C’est qu’il est tourné en 1968, à une époque où le genre, revitalisé par Peckinpah ou Leone, s’ éloigne de la beauté sobre des chefs-d’œuvre de Ford, Hawks et consorts. Si Un colt nommé Gannon n’atteint pas le statut de grand film méconnu, il reste intéressant en ce qu’il ressemble à une réponse aux bouleversements du genre ; le scénario, somme toute classique, de cet apprentissage entre un vieux briscard et un jeune loup, se distingue par un ton semi-parodique, avec des gags éculés (la femme qui tend sa main à baiser et qu’on lui serre !) et une décontraction que soutient le cabotinage « cool » d’ Anthony Franciosa. Mais c’est surtout la mise en scène qui tente de rajeunir le genre, en adoptant des effets de montage, comme le sur-découpage des scènes de combat. Évidemment, cet effet est d’autant plus plombé aujourd’hui qu’il s’accompagne d’une musique anachronique assez indigeste.
Malgré ces fortes réserves, le film est un honnête divertissement, qui se regarde sans ennui mais sans enthousiasme. Il est même réussi dans la démythification d’un Ouest propre et aseptisé, qu’il égratigne sans quitter son esprit potache. Avec un peu plus de rigueur et d’ambition, il aurait pu se classer dans les grandes révisions du genre, un peu à la manière de ce qu’Altman a réalisé avec Le privé, par exemple. Mais les quelques audaces (surimpression pour incarner l’ivresse, érotisme léger) n’y suffisent pas.

Les suppléments :

Outre la dispensable galerie photos, le DVD propose les interventions d’Yves Boisset, qui revient sur deux aspects du film et sur les acteurs (7mn) et de Patrick Brion qui, en dix minutes, l’évalue en tant que remake.

L’image :

Belle copie aux couleurs rutilantes, sans parasites et avec un « grain cinéma » raisonnable.

Le son :

En tenant compte des limites dues à l’âge du film, la piste Dolby Digital 2.0 mono est de bonne tenue, avec une forte présence des dialogues. Comme souvent, la VO est largement préférable.