Tueurs - la critique du film

Notre avis : Difficile d’évoquer Tueurs sans revenir un minimum sur sa genèse, car c’est elle, et elle seule, qui en fait un film différent des nombreuses séries B auxquelles il est si facile de l’assimiler. Le fait que François Troukens ait lui-même été un braqueur de haut vol avant d’écrire le scénario en prison permettait d’espérer de celui-ci une inspiration chargée en authenticité. Qu’il l’ait ensuite coréalisé avec un chef opérateur spécialisé dans le film d’action (Go Fast, Banlieue 13, Antigang...) avait de quoi laisser espérer, en plus de ce réalisme, une certaine qualité d’exécution qui viendrait appuyer l’audace caractérisant souvent le cinéma de genre belge. C’est malheureusement tout l’inverse qui se produit. Le passif de François Troukens se retrouve bel et bien dans la minutie avec laquelle sont décrits les préparatifs du braquage filmé dès les premières minutes du long-métrage. Cependant, des scènes de braquage, les cinémas français, belge et américain nous en offrent trop régulièrement pour que celui-ci mérite d’entrer dans les mémoires. Reste alors à prolonger le récit en étirant l’intrigue.

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La base de ce récit s’inspire d’un fait divers sordide survenu en Belgique au milieu des années 80 et dont un bref rappel nous est fait par le biais d’images d’archives en guise d’ouverture. Après cela, l’intrigue débute sur la découverte d’un cadavre. Qui est cette victime ? Quels secrets implique sa mort ? Nous ne le saurons jamais. Quatre-vingt minutes plus tard, l’intrigue se terminera par la remise d’un disque dur à un journaliste. Que contient-il ? Quels secrets permettra-t-il de dévoiler ? Nous n’en saurons pas plus. On a compris, Troukens n’a que faire du complot politique suggéré, comme de ses implications. Ce n’est qu’un prétexte pour faire du personnage de braqueur interprété par Olivier Gourmet le "gentil" et du policier interprété par Bouli Lanners le "méchant". Ce schéma manichéen mis en place, le film s’enferme dans un développement rocambolesque auquel il est difficile d’adhérer.

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L’interprétation de ce duo d’acteurs pourtant habituellement brillants est mise à mal par la médiocrité des dialogues. Leur partenaire Lubna Azabal (vue dans Incendies et, plus récemment, dans Prendre le Large) s’avère bien plus convaincante. Les incohérences du scénario nuisent à la crédibilité globale de cette histoire de tueurs fous infiltrés dans les hautes sphères de l’État tel qu’il nous l’est expliqué dans le monologue final de leur leader (un dispositif de résolution que l’on ne pensait plus voir ailleurs que dans les parodies de James Bond). De la part de Jean-François Hensgens à la coréalisation, nous aurions également pu espérer une photographie plus inspirée, mais celle-ci ne trouve, comme le scénario, son efficacité que lors de la scène de braquage. Sur le plan technique, les pires défaillances concernent tout de même le montage son, et en particulier dans l’usage maladroit de la post-synchronisation. Tant de maladresses qui font de Tueurs un polar imparfait, mais surtout une dénonciation politique obtuse voire contre-productive, qui souffre cruellement de l’inexpérience de son auteur. Après tout, si la prison était une école de cinéma, ça se saurait.