Le 9 juin 2021
Un documentaire subtil et riche d’émotions, qui nous plonge au cœur de l’Amérique blanche rurale.


- Réalisateurs : Thomas Jenkoe - Diane-Sara Bouzgarrou
- Nationalité : Français
- Distributeur : New Story
- Durée : 1h20min
- Date de sortie : 9 juin 2021
- Festival : ACID Cannes 2020

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Résumé : A travers ce documentaire doux-amer, Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe nous font pénétrer dans l’univers de Brian qui vit dans l’Etat du Kentucky au cœur des Appalaches avec sa famille.
- © Films de Force Majeure - 2020
Critique : C’est avec un regard plein d’humanité que les réalisateurs dévoilent la réalité quotidienne des habitants de ces montagnes, surnommés les « hillbillies » - comprenez « péquenauds des collines ». La figure de Brian, le père, est la plus touchante. L’homme nous raconte, d’une voix qui trahit sa souffrance, sa désillusion et son désespoir face à ce qu’il reste d’un monde en fuite, qui s’efface lentement derrière le « progrès ». De l’époque où les mines de charbon faisaient prospérer toute la région montagneuse, il ne reste en effet plus grand-chose, si ce n’est les habitants, désœuvrés, pauvres, sans éducation et livrés à eux-mêmes, auxquels on a, semble-t-il, ôté une part essentielle de leur identité : leur liberté.
The Last Hillbilly raconte l’histoire d’une dégénérescence : celle, année après année, de ces habitants qui vivent en marge de la société.
L’atmosphère étrange et anxiogène, amplifiée par la musique et la vision d’une nature qui semble « intoxiquée », nous saisit dès les premiers instants du film. C’est non sans un certain trouble que l’on est envahi par la sensation d’une menace sous-jacente. La musique, composée à partir d’instruments de la région et de bruits d’industrie minière, travaillée et déformée, résonne comme la complainte d’un monde en train de disparaître, à laquelle se superpose la voix éraillée de Brian. La démarche des réalisateurs est en cela intéressante et originale. Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe ont choisi de laisser carte blanche à Brian, en lui proposant de s’enregistrer sur n’importe quel sujet quand il en avait envie. Ainsi, cette production alterne scènes de vie réelle et d’autres plus introspectives, poétiques, qui incarnent l’intériorité et la profondeur de Brian.
Au-delà de cette voix-guide qui rythme le film, on ne peut qu’admirer l’esthétique de ce documentaire, ses couleurs sublimées et son cadrage serré, qui renforcent toute l’émotion propre au récit de ces habitants. Au final, The Last Hillbilly est un mélange surprenant de douceur, incarnée par le père, et de dureté, inhérente au monde. Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe ont parfaitement réussi à capter la tendresse infinie du père à l’égard de ses enfants, tendresse à laquelle on se raccroche, au risque de se laisser emporter par l’angoisse que véhicule le film. Les réalisateurs ont choisi de focaliser leur dernière partie sur les enfants de la région. On ne peut s’empêcher de voir, derrière l’innocence de leurs jeux, les indices d’un monde qui se désagrège lentement. Malgré ce constat terrifiant, The Last Hillbilly est un bijou de sensibilité.
- © Films de Force Majeure - 2020