Metal hurlant
Le 1er mai 2015
Shinya Tsukamoto poursuit dans la veine du premier Tetsuo en livrant un film anarchiste furieux.
- Réalisateur : Shinya Tsukamoto
- Acteurs : Shinya Tsukamoto, Min Tanaka, Tomorō Taguchi, Nobu Kanaoka
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur, Expérimental
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Carlotta Films
- Durée : 1h21mn
- Titre original : Tetsuo II : Body hammer
- Date de sortie : 17 mai 2023
L'a vu
Veut le voir
– Année de production : 1992
Résumé : Tomoo Taniguchi et son épouse Kana vivent paisiblement auprès de leur jeune fils Minori. Un jour, l’enfant est enlevé et mis en pièce sous les yeux des parents par un monstrueux skinhead. Fou de douleur, le père se retrouve captif d’une organisation vouant un culte au dieu de la destruction. Il devient le cobaye psychique et virtuel du savant.
Critique : Tetsuo 2 : Body Hammer est un remake plus qu’une véritable suite du très expérimental Tetsuo. Ce film, réalisé en couleur, plus commercial, bénéficie de moyens plus conséquents (près d’un million de dollars contre trois cent mille pour le premier). Pour autant, son jeune réalisateur, Shinya Tsukamoto, y déploie la même thématique : celle de l’homme broyé par le système industriel. On suit ici un salary man, Tomoo, poursuivi par une organisation étrange, souhaitant l’utiliser comme cobaye pour en faire une arme de métal. Les transformations que va subir cet homme sont assez incroyables, avec ce mélange étonnant de chair et de métal. On songe à Cronenberg avec Videodrome mais le côté jusqu’au-boutiste de Tsukamoto rend son film unique. Tomoo devient une entité nouvelle. Qui es-tu ? lui demande-t-on. Il répond : Je ne le sais pas moi-même.
- © Carlotta Films
Tetsuo 2 est une expérience dans la même veine qu’un Akira "live" et déverse une furie destructrice intransigeante, radicale dans des décors post-industriels suffocants et sur fond de buildings froids, standardisés ; tout nourrit un sentiment d’oppression urbaine. C’est dans cet univers que la frustration n’a de cesse de se développer. Le salary man ne peut plus supporter pas son quotidien. Sa rage le transforme en une véritable machine de guerre, une façon métaphorique pour Tsukamoto de fustiger la société actuelle monotone, stressante et standardisée. À l’instar du très déviant Nekromantik, Tetsuo 2 met en exergue des personnages qui ne peuvent plus vivre « normalement » dans cette société, à l’image de cette scène primitive essentielle, où Tomoo est choqué par les pratiques sexuelles de ses parents. Le sexe et la mort sont liés, et provoquent la fureur du héros. Devenu un homme machine, Tomoo prend du plaisir à tuer ses congénères. Il jouit littéralement de la possibilité qui lui est offerte de les abattre.
- © Carlotta Films
Au-delà de son titre, c’est par son final apocalyptique que Tetsuo 2 évoque immanquablement Akira. On a alors l’impression d’assister à la suite des événements du film d’animation de Katsuhiro Otomo. On se situe dans la logique nihiliste de tout détruire pour parvenir à l’avènement d’une humanité nouvelle. Le propos est sans ambiguïté et donne à l’ensemble une tonalité clairement anarchiste. La musique du film, sorte d’indus technoïde, participe à cette ambiance de fin du monde. Pour trouver plus tard pareille folie dans un film, il convient de se tourner vers le troisième volet de Tetsuo (2009), qui reste dans la continuité des deux précédents opus. Âmes sensibles s’abstenir, Tetsuo 2 : Body Hammer est à réserver à un public armé pour assister à sa complaisance dans le métal hurlant qui frise l’hystérie.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.