Tatanka, dernier round dans la mafia - la critique + le test DVD

Avec Tatanka inspiré par le recueil La beauté et l’enfer de Roberto Saviano, Clemente Russo décoche sa droite sur les rings pour se tirer de l’emprise de la Camorra.

L’argument : Michele et Rosario sont deux amis d’enfance qui ont grandi dans la cité. Alors que Rosario fait du business dans la mafia, Michele rêve de devenir un grand champion de boxe. Pour y parvenir, sous le surnom de Tatanka, il va devoir apprendre à perfectionner son art, mais aussi à se battre hors du ring pour échapper à l’emprise de la Camorra.

Notre avis : Le sulfureux Gomorra (grand prix du festival de Cannes en 2008 réalisé par Matteo Garrone), adaptation du best-seller de Roberto Saviano avait lancé un pavé dans la marre sur les dérives d’une société gangrénée par la mafia. Depuis ce succès littéraire et cinématographique, l’auteur et journaliste militant menacé de mort par la Camorra doit vivre constamment sous protection policière. Son recueil La Beauté et l’enfer a inspiré le film Tatanka. Dans le sud de l’Italie on suivra le parcours de Michele (Clemente Russo), petit délinquant qui va trouver une échappatoire dans le sport afin de se remettre dans le droit chemin. Un coup qui tourne mal en compagnie de son meilleur ami Rosario (Carmine Recano) l’envoie purger une peine de huit années de prison. A sa sortie la Camorra compte utiliser le talent du boxeur pour gagner gros. Michele devra alors mener un double combat, sur le ring et dans la vie pour s’extraire des griffes de la mafia.

Clemente Russo plusieurs fois médaillé dans la catégorie poids lourds des Jeux Olympiques, et des Championnats du Monde et d’Europe a été choisi pour incarner le premier rôle. Face à la caméra celui-ci parvient à s’imposer grâce à sa carrure. Gants aux poings, sa présence de professionnel donne de l’authenticité au film : ses gestes sont vifs, précis et ses déplacements chevronnés. Lorsqu’il s’agit, pour lui, de jouer, l’exercice est plus maladroit mais loin d’être désastreux pour une première incursion dans le 7ème art. On lui préférera le jeune interprète de Michele à l’adolescence (Lorenzo Scialla) au jeu plus pertinent. Les séquences juvéniles s’avèrent d’ailleurs très réussies .
Le réalisateur italien Giuseppe Gagliardi parvient à nous embarquer illico dans son film avec une séquence d’ouverture très joliment maîtrisée, avec course-poursuite en voiture et les premières détonations, qui pose d’emblée les bases et les thèmes du récit où le lien fraternel entre Michele et Rosario sert de fil rouge.

La boxe y occupe une place essentielle entre les entraînements et les combats (on y verra même Michele assommer un buffle d’un seul coup de poing ! Le surnom de Tatanka qui signifie "Bison" n’est pas volé !). Les joutes de poing, bien que toniques et filmées avec un certain style, n’atteignent cependant jamais le niveau de tension et d’efficacité des séquences qui ont fait la célébrité de la saga des Rocky. Les combats vont ici à l’essentiel.
Moins dénonciatrice des pratiques de la Camorra que dans le brûlot Gomorra, cette production plutôt avenante met en avant les vertus du sport, qui ici est présenté comme une alternative à la délinquance comme le football peut l’être dans d’autres pays. Malgré des maladresses de style, on ne tombe jamais dans la facilité des sempiternelles « success stories » à l’émotion surlignée et à la linéarité convenue.
Au final, faute de pouvoir prétendre au statut de classique dans le film de gangster ou le film de boxe, Tatanka dresse le portrait brut et sans concession d’un destin dissident, opposé à la loi du milieu. Giuseppe Gagliardi, réalisateur prometteur, livre donc un inédit vidéo tout à fait digne d’intérêt comme on aimerait en découvrir plus souvent !

LE TEST DVD :

Les suppléments :

Un documentaire de 52 minutes intitulé : Roberto Saviano, un écrivain menacé de mort par la Camorra, revient sur les conditions de vie de l’auteur depuis le succès de Gomorra. Accompagné de plusieurs interviews et anecdotes intéressantes qui mettent l’accent sur le militantisme, ce bonus s’avère être une bonne surprise. Un making-of un peu sommaire de 22 minutes apporte quelques images des conditions de tournage complété par de brèves interventions des acteurs et du réalisateur. La bande-annonce du film est également présente.

L’image :

La copie est de bonne tenue. Le contraste permet une bonne appréhension des éclairages (lors des scènes plus sombres en intérieur, gymnase…) et de la photographie chaleureuse (la lumière imparable du Mezzogiorno ). Aucun flou parasite ne vient troubler le visionnage.

Le son :

La piste italienne en Dolby Digital 5.1 est tout à fait fréquentable. La bande-son ne manque pas de punch (les basses sont souvent sollicitées). Il est fortement conseillé de découvrir le film dans sa V.O. italienne car le doublage français n’est pas à la hauteur.