Le 29 mai 2021
Un "Virgin Suicides" italien, à l’ambiance pesante. Film choral et conte édifiant, le long métrage des frères D’Innocenzo s’avère une métaphore efficace d’un malaise sociétal.


- Réalisateurs : Fabio D’Innocenzo - Damiano D’Innocenzo
- Acteurs : Elio Germano, Barbara Ronchi, Aldo Ottobrino, Barbara Chichiarelli, Lino Musella
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h40mn
- Date télé : 8 janvier 2024 23:50
- Chaîne : Arte
- Titre original : Favolacce
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 13 octobre 2021
- Festival : Festival de Berlin 2020, Festival de Reims 2021

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Résumé : La chaleur de l’été annonce les vacances prochaines pour les familles de cette paisible banlieue pavillonnaire des environs de Rome. Des familles joyeuses, qui parviennent à créer l’illusion de vraies vacances malgré leurs faibles moyens. Des familles normales. Enfin presque. Car leurs enfants vont bientôt pulvériser le fragile vernis des apparences…
Critique : Un Virgin Suicides a l’italienne ? Oui, d’une certaine façon. À Sofia Coppola, le film emprunte les douleurs muettes du jeune âge, les traumatismes encaissés par des enfants qui ont aussi des rêves, auxquels la mise en scène rend hommage par des plans ralentis et volontiers esthétisants, parfois saturés d’un soleil aveuglant, comme une vérité impossible à regarder. La nostalgie d’une vie qui aurait pu être, alors qu’elle est à peine entamée, c’est sans doute le plus douloureux constat de cette histoire, construite sur des références au conte. Ce long métrage choral, où les adultes sont des ogres, mais surtout des êtres d’une bêtise caricaturale, est traversé de bout en bout par un pessimisme quasi métaphysique, qui s’incarne dans une lenteur accablante.
Si le film cède parfois à une forme de symbolisme, confinant les enfants dans une pureté sacrifiée, certaines scènes étirées en de longs plans-séquences disent la cruauté de l’acharnement, d’une manière glaçante, qu’il s’agisse d’un repas vespéral conclu par une crise paternelle impressionnante, d’une promenade nocturne où une seule remarque d’un fils suffit à mettre le feu aux poudres, déclenchant une volée de coups, ou de la glaçante psalmodie des notes, obtenues par un petit garçon et une petite fille "modèles", mécaniquement asservis par des injonctions parentales. Sous l’apparente placidité de la victime malheureuse, la violence sourd. Et le malaise, constamment distillé, parfois de manière redondante, se mue en un climax d’autant plus poignant qu’il trouve dans la pénombre nocturne les conditions d’un adieu discret...