Le 30 juillet 2022
Dans la pure tradition du cinéma anglo-saxon, Rocks s’invite à la façon d’un Ken Loach au milieu d’une bande attachante d’adolescentes londoniennes. Un hymne au multiculturalisme, à la solidarité et à l’amitié.
- Réalisateur : Sarah Gavron
- Acteurs : Bukky Bakray, Kosar Ali, D’angelou Osei Kissiedu, Shaneigha-Monik Greyson
- Genre : Drame social
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Haut et Court
- Durée : 1h33mn
- Date télé : 19 novembre 2022 22:50
- Chaîne : OCS Max
- Date de sortie : 9 septembre 2020
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Résumé : Rocks, 15 ans, vit à Londres avec sa mère et son petit frère. Quand du jour au lendemain leur mère disparait, une nouvelle vie s’organise avec l’aide de ses meilleures amies. Rocks va devoir tout mettre en oeuvre pour échapper aux services sociaux.
Critique : Le cinéma social anglo-saxon - on pense notamment à Ken Loach - s’est souvent penché sur la question de l’enfance ou de l’adolescence. Mais en l’occurrence, les filles ont peu leur place dans l’univers cinématographique social. Ce nouveau film de Sarah Gavron justement donne une place d’honneur à une bande de gamines londoniennes, et particulièrement à Shola, surnommée "Rocks" pour son caractère de fer et sa détermination à surmonter les épreuves de l’existence. La réalisatrice choisit de jeunes héroïnes du quotidien, qui incarnent à elles seules la diversité culturelle et religieuse, caractéristique d’une certaine société britannique. Certaine, car force est de constater que la cohabitation des religions, des origines culturelles est souvent plus aisée dans les quartiers populaires, où les habitants sont habitués à la coexistence de communautés ethniques et culturelles très diverses. La réalisatrice pousse même le risque de ce portrait social bigarré en faisant intervenir la diversité sociale au sein du groupe d’amies, en mixant des jeunes filles pauvres, ce qui est le cas de Rocks, avec d’autres beaucoup plus aisées, vivant dans des pavillons.
- Copyright Haut et Court
Rocks n’est pas un film féministe. C’est un film sur l’enfance au sein de l’environnement urbain du Royaume-Uni. Cette enfance s’incarne particulièrement dans le personnage de Rocks qui doit occuper les fonctions maternelles auprès de son petit frère Emmanuel, quand la maman du foyer, souffrant de troubles psychiatriques, disparaît du jour au lendemain. La bataille que va mener la jeune fille, pour éviter le placement de la fratrie, relève d’une sorte de guerre aussi orgueilleuse qu’admirable. Elle se bat pour éviter de donner à voir le constat d’une désintégration familiale annoncée, en esquivant la pénurie financière et en évitant soigneusement l’intervention des travailleurs sociaux. Cette bataille parfois prend le risque de l’invraisemblance, mais elle est sauvée par le jeu de Bukky Bakray qui interprète cette jeune lutteuse avec un enthousiasme et une intégrité bluffante. La comédienne parvient à habiter un personnage complexe, dont on reconnaît les traits de l’adolescence et ce que le psychologue Alan Carr a décrit sous le concept de "parentification". L’écriture du film insuffle une vie magnifique qui donne aux jeunes comédiennes des espaces à la libre interprétation de leurs émois adolescents. D’ailleurs, le générique de fin explique que les dialogues ont été coécrits avec des lycéens, ce qui explique la facilité avec laquelle ces enfants habitent leur rôle.
- Copyright Haut et Court
Le long-métrage se déroule uniquement à Londres, à l’exception de la fin où la bande de jeunes filles rejoint Emmanuel dans une cité incise contre la mer. Ce regard exclusivement londonien fait courir le risque parfois de la caricature sociale. Les grandes cités HLM s’opposent aux maisons bourgeoises, et le fait que les filles de milieux sociaux très différents partagent le même collège interroge quelque peu. Pour autant, Sarah Gavron ne réduit pas la misère aux communautés d’origine immigrée. La réalisatrice connaît bien le sujet, puisqu’en 2008, elle avait déjà abordé ce thème de l’immigration dans son film intéressant Rendez-vous à Brick Lane. Cette fois, l’amitié prime sur le contexte social des personnes d’origine étrangère. Les parents sont assez absents du récit et parfois le film pèche par une sorte d’angélisme dans la façon dont le groupe accepte la diversité qui les caractérise.
- Copyright Haut et Court
Indéniablement, le spectateur sera touché par ces figures féminines débordantes de vitalité. Le montage qui alterne des séquences tournées avec les portables et des images plus traditionnelles donne un rythme délicieux au film. Le summum du plaisir apparaît dans les scènes scolaires, où l’on voit les jeunes filles provoquer les professeurs, se battre en s’aspergeant de pâte à gâteau, et surtout entonner des danses collectives qui illustrent le sentiment de bonheur partagé. La joie de vivre irradie l’écran et le plaisir du spectateur est indéniable. Les valeurs véhiculées par le récit comme la solidarité, l’amitié, l’entraide participent à l’ambiance de ce long-métrage totalement jubilatoire, sauvant par là-même les quelques maladresses qui jonchent le scénario.
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