Le 18 novembre 2019
Les acteurs du monde judiciaire s’expriment à travers un documentaire, qui cherche à déconstruire l’image d’une machine froide et implacable. Le caractère didactique du film, allié à une sorte d’hyper mise en scène de l’univers judiciaire, ne parvient pas toujours à convaincre.
- Réalisateur : Robert Salis
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Jour2fête
- Durée : 2h
- Date de sortie : 13 novembre 2019
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Résumé : Un portrait de la justice par celles et ceux qui ont la lourde responsabilité d’avoir à juger leurs semblables. L’appareil juridique français apparaît souvent, pour les non-initiés, comme une sorte de trou noir mystérieux et fascinant, dont il vaut mieux ne pas trop approcher, ou alors comme une machine infernale, impitoyable et impersonnelle, dont on ressort broyé... RENDRE LA JUSTICE lève le voile sur les individus qui le composent, et composent au quotidien avec cette complexité et ces paradoxes. Malgré la lourdeur, la fatigue et la distance imposée par la procédure, l’humain est toujours là, et même plus présent que jamais, mis à nu et à vif derrière la robe et l’hermine. A travers des témoignages dépouillés de tout apparat, la justice s’incarne..
Notre avis : Au cinéma, la justice par ceux qui la font est moins évoquée que l’expérience des justiciables eux-mêmes. Or, derrière des procédures, il y a des hommes et des femmes qui expriment ici leurs points de vue sur leur métier, les affaires qu’on leur a confiées, la difficulté de s’extraire d’une émotion souvent légitime qui concerne des faits d’une grande dureté. On y reconnaît des visages célèbres comme celui de François Molins, que l’opinion publique associera toujours aux attentats terroristes commis en France, ces dernières années. Mais la plupart des juges qui s’expriment sont inconnus du grand public. Il s’agit essentiellement de hauts dignitaires que le ministère a sans doute autorisés au préalable, pour venir s’exprimer à visage ouvert, sur les rouages d’une institution complexe et glaciale. De temps en temps, la caméra donne la parole à des magistrats d’origine maghrébine ou martiniquaise, comme s’il fallait conférer un peu plus d’humanité à la justice française.
- Copyright EdenFilms Ladybirds Films
On est bien loin de l’expérience de Raymond Depardon en son temps. La justice qui nous est donnée à entendre est celle de ses hauts fonctionnaires. Les justiciables sont totalement absents des lustres magnifiques des Palais de Justice. On ressent parfois l’émotion, quand il s’agit de juger le placement d’un enfant ou de déterminer le droit de garde pour un père ou une mère, avec le risque de détruire toute la cellule familiale. Cependant, le propos demeure trop pédagogique. Certes, on apprend la différence entre le pénal et le civil, entre les magistrats du parquet et du siège. Mais l’expérience cinématographique ne dépasse guère les apparats d’une justice grandiloquente, froide, arbitrée par des femmes et des hommes, dont l’humanité n’est guère visible, en dépit des intentions du réalisateur.
- Copyright EdenFilms Ladybirds Films
Le plus gênant demeure ces incises permanentes d’images très sophistiquées, esthétisantes, doublées d’une musique classique qui envahit toute la bande-son. On comprend la volonté du cinéaste de valoriser des bâtiments de toute beauté, et à extraire de l’image de la justice une représentation presque sacrée. De nombreuses œuvres d’art, commentées par les magistrats eux-mêmes, s’invitent dans le documentaire et provoquent l’effet totalement contraire d’une humanisation de la justice. Il est loin d’être certain, à l’issue de la projection, que les justiciables les plus démunis intellectuellement ou socialement, qui sont les principaux clients de la justice pénale, adhèrent à cette représentation de l’univers de la Justice. Il est même probable que cela les conforte dans le sentiment d’un monde bien éloigné des difficultés quotidiennes de leurs existences.
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