Le 11 juin 2022
Tout autant thriller psychédélique que polar survolté, Promising Young Woman est une réussite incontestable d’énergie et d’inventivité.
- Réalisateur : Emerald Fennell
- Acteurs : Adam Brody, Carey Mulligan, Connie Britton, Alison Brie, Bo Burnham
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 1h48mn
- Date télé : 3 juin 2024 22:55
- Chaîne : Téva
- Date de sortie : 26 mai 2021
Résumé : Tout le monde s’entendait pour dire que Cassie était une jeune femme pleine d’avenir…jusqu’à ce qu’un évènement inattendu ne vienne tout bouleverser. Mais rien dans la vie de Cassie n’est en fait conforme aux apparences : elle est aussi intelligente que rusée, séduisante que calculatrice et mène une double vie dès la nuit tombée. Au cours de cette aventure passionnante, une rencontre inattendue va donner l’opportunité à Cassie de racheter les erreurs de son passé.
Critique : Dans les années 80, Jean Becker commettait le délicieux L’Eté meurtrier, où une héroïne, aussi sensuelle que tordue, s’ingéniait à mettre ses charmes au service de la vengeance de sa mère, qui avait subi un viol. Quarante ans de cinéma se sont déroulés depuis, avec des figures comme Tarantino, dont ce drôle de film semble tout droit sorti. Car il s’agit bien d’une histoire de vengeance. Une toute jeune trentenaire, rebelle et séduisante, est une experte dans la feinte de l’ivresse, pour tendre un piège aux hommes qui oseraient s’attaquer à son corps, profitant de son état faussement second. Elle les dégomme aussi sec, pour revenir à sa vie de tous les jours, où elle occupe un poste de serveuse dans un bar minable. et habite avec ses parents. Il y a dans ce personnage de Cassie la détermination féministe, la fragilité émotionnelle d’une jeune adulte qui a raté sa vie professionnelle et affective.
- Copyright Focus Features
Promising Young Woman est un thriller survolté qui s’invite dans la tête d’une héroïne pour le moins psychologiquement vulnérable. C’est sans doute la grande originalité de ce film que de prendre le parti d’un personnage, qui utilise ses atouts physiques et son incroyable caractère dans un projet d’émancipation des femmes. D’une prodigieuse intelligence, alliée à une incontestable capacité à la manipulation, la protagoniste ressemble au tableau clinique pur et dur d’une perverse. Ainsi, incarner la folie meurtrière et la séduction à visée manipulatoire dans un personnage féminin clôt le débat sur un film, qui se voudrait une démonstration démagogique contre le machisme. Au contraire, la complexité de Cassie, l’évident attachement qu’elle suscite et le combat noble qu’elle mène, écartent toute facilité du propos. Le spectateur est entraîné dans ce récit diablement rythmé, qui excelle dans le sarcasme et le rire jaune.
- Copyright Focus Features
Les personnages masculins ne se réduisent pas non plus à des pantins stériles et stupides. Certes, le générique ouvre le film sur des images de fessiers masculins. Mais on comprend tout de suite l’écart qu’il peut y avoir entre le sentiment de puissance qu’éprouvent certains hommes vis-à-vis des femmes, et le poids des années, de l’alcool qui pèsent sur leurs capacités de séduction. Il y a entre autres Ryan, ce chirurgien gauche et sensible, qui vient à la rencontre de Cassie. C’est le seul bonhomme à faire des ronds de jambes avant de l’embrasser, à douter de lui et à prendre soin du temps dont la jeune femme a besoin pour s’abandonner à une relation amoureuse. Certes, la suite du récit déçoit nos attentes. Pour autant, la réalisatrice et comédienne, Emerald Fennell, évite à tous prix les poncifs féministes et réducteurs. Sa comédienne, Carey Mulligan, s’amuse dans le rôle de cette figure fragile et dangereuse à la fois, à travers la chasse inlassable qu’elle mène contre les mecs qui ont oublié de penser avec leur tête.
- Copyright Focus Features
Le charme fou de ce film opère dans l’usage des décors, des couleurs et des musiques, tout autant éclectiques que kitsch. La mise en scène attache un soin particulier aux costumes, aux accessoires qui confèrent au récit une véritable légèreté. Les tubes de Paris Hilton tranchent avec les passages à l’acte macabres de l’héroïne. Pour paraphraser un auteur célèbre, Cassie cherche à faire de sa vie un chef-d’œuvre d’opiniâtreté, dans un écrin qui brille de mille et un attraits. Les couleurs de l’image, la richesse des décors concourent ainsi à magnifier une histoire qui aurait pu céder à la facilité du thriller. On ressort de ce long métrage curieusement rempli d’une énergie nouvelle.
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ceciloule 9 juin 2022
Promising Young Woman - Emerald Fennell - critique
Pour moi, c’est effectivement dans le mélange des genres et le jeu avec les codes et les clichés qu’excelle la réalisation. Cependant, si Emerald Fennell dynamite les stéréotypes de façade, elle le fait après les avoir embrassés, après avoir semble-t-il donné dans une apparente facilité : c’est donc, à mon sens, à la fois la force et la faiblesse du long-métrage - faiblesse parce que certains ne se donneront pas la peine de poursuivre leur visionnage après le manque de vraisemblance criant du début (qui sert pourtant le film, entendons-nous bien). J’en parle plus longuement sur Pamolico, blog de critiques : https://pamolico.wordpress.com/2022/06/07/promising-young-woman-emerald-fennell/)